Last Light s’inscrit dans l’archétype du film Sundance : une œuvre modeste, portée par une ambition d’introspection sociale, mais à laquelle le destin n’aura accordé ni la reconnaissance ni les honneurs à sa sortie. Réalisé par Kiefer Sutherland, qui s’octroie également le rôle principal, le film se veut une réflexion à la fois rugueuse et désenchantée sur la condition carcérale.
Dès sa première apparition, Sutherland campe un prisonnier au bord de l’humanité, trempé, littéralement, dans la merde. Son personnage ne semble trouver une forme de liberté que dans une insolence instinctive face à l’autorité carcérale. Ce n’est pas un être racheté mais un animal blessé, enfermé dans une spirale de ressentiment. Certaines scènes, d’une crudité presque provocante, exposent son aliénation : qu’il s’agisse de cet instant où il se masturbe en écoutant un codétenu lui décrire une ancienne petite amie, ou de cet accès de violence contre sa sœur, fervente croyante venue lui rendre visite. Cette brutalité révèle un homme prisonnier non seulement des murs qui l’entourent, mais surtout de sa propre incapacité à communiquer autrement que par la provocation.
Face à lui, Forest Whitaker incarne un gardien de prison profondément humain, à mille lieues des héros classiques. En père de famille imparfait, il lutte pour le principe dans une bataille qu’il sait perdue d’avance, notamment face à son supérieur tyrannique interprété par Clancy Brown. Le film ne lui concède aucun triomphe, même moral. Son combat ne sert qu’à révéler l’absurdité d’un système où l’individu disparaît, broyé par des mécanismes sociaux et institutionnels impitoyables.
Ce qui distingue Last Light, malgré ses maladresses, c’est son refus de céder à une quelconque catharsis hollywoodienne. Ici, pas de rédemption pour Sutherland, pas de victoire pour Whitaker. L’atmosphère est empreinte d’un désespoir implacable, où la seule issue semble être celle de l’annihilation. Cette noirceur, loin de séduire, dérange et questionne.
Ainsi, Last Light n’est pas un film que l’on consomme pour se distraire. C’est une œuvre âpre avec, il est vrai, un filmage timide. Offrant une alternative bienvenue aux productions hollywoodiennes calibrées et édulcorées.