A l’aube du nouveau millénaire, Don McKellar livre un film non-apocalyptique dans lequel le monde se finit à minuit le jour même. Non-apocalyptique car si dans ces 6 dernières heures de vie, il y a un lot de folie, de violence, la population semble avoir accepté son sort et chacun cherche à passer ces dernières heures comme il le souhaite. Illusion du bonheur familial ou du vent de liberté, rassemblement de nouvel an festif, violence, accomplissement sexuels ou musicaux, contrôle de sa mort, nihilisme…
Au milieu de tout ça, Patrick, qui préfère rester seul, finit par sortir de son apathie pour aider Sandra à retrouver son mari et croisera ainsi de nombreux protagoniste, tous liés dans un même film. Don McKellar ne porte pas de jugement, il pose la question « Comment passeriez-vous les dernières heures de votre vie ? » et apporte des propositions de réponse, ni bonnes ni mauvaises. Il mélange dans Last night sérieux et décalé — comme cet échange en français, humour et drame.
Je regrette que le motivations profondes des deux personnages principaux soient révélées si tardivement, car j’ai l’impression que j’aurais pu plus m’attacher à eux. Mais en ça, le réalisateur me demande de faire la même démarche qu’eux, les aimer en un instant, sans attendre, sans compromis. La scène finale est vraiment magnifique, que ce soit par le décalage entre la musique et l’intrigue, par le travelling circulaire autour de ce couple spontané, de ce dernier instant de choix avant l’inéluctable.