Le Speed du pauvre. Sérieux, vous prenez le film de Jan de Bont et vous en retirez tout le fun. C'est à dire : de jeunes acteurs en pleine ascension (Keanu Reeves et Sandra Bullock), de l'action non-stop pour ne pas laisser une seconde de répit au spectateur, un méchant (Dennis Hooper) heureux comme un gosse dans un magasin de jouets à l'idée de cabotiner. Donc, vous enlevez tout ça et vous avez Last Passenger.
La première demi-heure a au moins cette qualité d'être fidèle à la réalité. Quand on prend les transports du soir assommé par une journée de boulot, on y a les mêmes figures fatiguées, les conversations insignifiantes et la jolie blonde qui passe son temps à pianoter sur son portable. Qu'est-ce qu’elle peut tant écrire, ça je n'en sais rien, mais là où dans la vraie vie, tu la vois sortir à la prochaine station sans jamais t'accorder un regard, dans Last Passenger, elle viendra d'elle-même taper la discute, jouer les baby-sitter de fortune et même rouler un patin au personnage principal qui a l'air d'avoir deux fois son âge. Et quand le rebelle de service se la ramène en lui demandant : "vous êtes mariés tous les deux ?" "Pas encore", minaudera-t-elle. Elle est où cette ligne de train que j'aille y faire un tour ?
Bon, heureusement, ce n'est pas aussi creux le reste du film sinon ce serait vraiment triste. Un conducteur prendra le contrôle du train en s'enfermant dans sa cabine. Qui est-il ? Que cherche-t-il ? Mystère. On ne le saura jamais. Mais on peut dresser un parallèle assez effrayant avec le pilote d'avion de la Lufthansa qui a entraîné dans la mort les cent cinquante passagers dans le crash de la Germanwings en mars 2015. En dehors de cette triste coïncidence, je suis resté sur ma faim.