Elle marche, vue de dos dans son tailleur épaulé : grande, mince, cheveux mi-longs, elle traverse la vie comme elle a choisi de la vivre, Laurence Anyways, qu'elle soit homme ou femme, rectifiant cette erreur de la nature qu'elle avait subie pendant 30 ans.
Il était une fois un jeune homme brillant, fin et beau, qui enseignait la littérature avec passion, son regard pétillant s'attardant parfois sur telle ou telle de ses étudiantes : un visage, une nuque, une féminité qui troublait en lui ce qu'il ressentait confusément.
Fred , c'était sa force, son rire, son alter ego dans une relation qui conjuguait amour et plaisir(s), et dont toute hypocrisie était exclue.
Alors que fait-on quand l'homme de sa vie vous confie son secret, vous fait partager le poids d'une révélation qui s'est imposée à lui?
Melvil Poupaud, c'est dans ce film que je l'ai découvert, solaire et secret à la fois, tout en passion et en retenue : la réalisation la plus aboutie de Dolan que j'ai vue jusqu'ici.
Une ambiance où couleurs flashy, sons et lumières se répondent dans une déferlante kitsch et assumée, où l'émotion brute, intense, absolue, se fait jour entre ces deux êtres si proches qui vont se séparer, se reprendre et se déprendre.
Fred est à fleur de peau, amoureuse, généreuse, dévastée ou hystérique : une femme tour à tour belle, laide, une femme qui rit, qui pleure, qui aime, une femme à part entière incarnée avec une vérité époustouflante par Suzanne Clément, véritable révélation dans ce troisième film d'un jeune réalisateur qui n'a pas fini de faire parler de lui.