Autant annoncer la couleur d’emblée, Laurence Anyways est à mon sens le film le plus abouti de Xavier Dolan à ce jour. Il réussit enfin à s'affirmer et à s'affranchir d'un esthétisme pur qui servira pour de bon son histoire avec un film qui sied toujours aussi bien à son univers. Le jeune prodige a donc encore de belles œuvres à nous faire partager, car après nous avoir démontré qu'il avait sa marque, tant dans ses sujets que dans sa mise en scène il parvient à nous conter avant tout une magnifique histoire d'amour.
Ses deux précédents films tout aussi travaillés restaient comme en suspend avec un scénario parfois creux, avec ses allures de styliste à coup de ralenti (surtout pour Les Amours Imaginaires) sans pour autant servir grandement son histoire ; d'où certaines critiques défavorables d'un réalisateur très créatif. Avec son dernier film non seulement il ne se met pas en scène, non pas qu'il n'en vaille pas la peine, mais disons qu'il laisse pleinement la place à une histoire qui dépasse ses propres questions sur la sexualité sans pour autant renier son sujet de prédilection sur le trouble de celle-ci. Et finalement il s'avère un meilleur réalisateur au service de son scénario quand il garde un œil sur son résultat. Ce scénario sera donc sa force pour ce film, en plus d'acteurs merveilleux, entre un Melvil Poupaud qui n'en fait pas des caisses et une Suzanne Clément à couper le souffle, pour écrire une histoire d'amour prenante bien plus intéressante que le sujet de départ sur le changement de sexe. On appréciera d'ailleurs cette ouverture sur d'autres personnages et l'impact du changement sur l'entourage.
La touche des années 90 étant souvenez-vous peu glorieuse, Dolan y apporte sa modernité pour du volume et de la couleur au sein de son décor et de ses costumes.
La mise en scène est comme toujours très stylisée, et justement ses effets trop redondants dans les autres films sert cette fois parfaitement l'intensité dramatique de certaines scènes. Pas d'ennui à l'horizon quand tout concorde, avec comme à son habitude une musique triée sur le volet, et malgré sa durée vous n'en regretterez pas une minute.
Xavier Dolan s'annonce de plus en plus comme le Pedro Almodovar québécois de cette nouvelle génération.
LuluCiné
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le 13 août 2012

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