Présenté à Cannes en 2012 dans la catégorie Un certain regard, et récompensé dans de nombreux autres festivals, Laurence Anyways est seulement le troisième long-métrage de Xavier Dolan, coqueluche actuelle de la presse et des cinéphiles, à tort ou à raison selon les goûts de chacun.
Fresque à la fois personnelle et monumentale de près de trois heures, Laurence Anyways narre sur dix années la quête identitaire d'un homme né garçon mais se sentant profondément femme, entre conflits, injustices et amours ratées. C'est également le portrait complexe et touchant d'un couple qui implosera face à un amour véritable mais incompatible avec les désirs de chacun et le regard des autres.
Dans la peau de ses deux êtres fusionnels mais incapables de vivre ensemble sans se déchirer, Suzanne Clément et Melvil Poupaud sont tout deux magnifiques. Elle est tour à tour solaire, hystérique, insupportable, entière, fragile, quand lui est tout bonnement bouleversant dans un rôle difficile et casse-gueule, quelque part entre innocence et égoïsme. Ils sont à eux deux la grande force du film, soutenus par des seconds rôles exemplaires.
Récit intimiste illustré avec la plus belle des grandiloquence, Laurence Anyways est une oeuvre sublime, éreintante, kitsch, exubérante et exigeante, ultra-stylisée, parfaitement écrite et mise en scène avec une maîtrise incroyable par Xavier Dolan, en pleine possession de ses moyens. Magnifiant son cadre, opérant une fusion parfaite entre une bande-son délicieusement 80's et l'image, le jeune cinéaste donne vie à une poignée de plans d'une beauté térassante frôlant plus d'une fois l'onirisme.
Bien que très long et particulier, Laurence Anyways est un film puissant et sensible, formellement abouti, interprété avec justesse et traitant son sujet avec toute l'intelligence et la pudeur requise, même s'il est évident que le résultat ne fera pas l'unanimité.