Comme souvent avec le cinéma de Dolan, j’ai été très intéressé par l’histoire, ébloui par les acteur.ice.s, très admiratif aussi de cette signature esthétique qui transpire à chaque plan ; mais pas entièrement capté, pas totalement bouleversé. Quelque chose - un je-ne-sais-quoi - me résiste : je veux adhérer tout entier au film, j’en reconnais toutes les qualités, mais émotionnellement je suis comme à contretemps de son lyrisme. Mommy m’avait laissé la même sensation de frustration. Juste la fin du monde également. Cela mis à part, je trouve admirable que Dolan ait eu l’intelligence de ne pas faire de son film un tire-larmes voyeuriste et pathétique sur la transidentité. Au fond, ce n’est presque pas cela le sujet : pas le mal-être psychique, pas la dysphorie de genre, pas la transformation physique (qui est à peine abordée, tout juste suggérée). Laurence n’a pas de problème avec elle-même. Le drame, c’est le regard que portent les autres personnages sur cette identité, et en particulier celui de Fred lorsque le coming-out de Laurence lui fait perdre complètement pied et la clive entre son affection et son malaise. Laurence Anyways, c’est une grande tragédie amoureuse en fait.