Laurence Anyways (2012) est le deuxième film que j'ai vu de Xavier Dolan, après Mommy (2014). On y retrouve Suzanne Clément qui joue tout le contraire de son personnage dans Mommy et on y découvre Melvil Poupaud qui fait son entrée dans le cercle de Xavier Dolan. Le jeune réalisateur québécois sacrément doué pour faire de belles images, c'est une certitude. Et puis il n'a pas peur d'aller là ou les autres ne vont pas. Vous êtes prévenus, Laurence Anyways est un drame et une romance pour le moins spécial(e).
C'est l'histoire de Laurence (Melvil Poupaud), un français la trentaine environ, qui se rend compte qu'il ne se sent pas bien dans ce corps d'homme. Il va donc décider de devenir une femme, ce qui au fond est ce qu'il aurait toujours voulu être. Et puis il y a Fred (Suzanne Clément), une québécoise avec qui il est en couple. Et pour compliquer le tout, Laurence est toujours amoureux de Fred qui est une femme, alors que lui veut devenir une femme. Il va alors être question de tolérance, d'acceptation et de savoir si un couple peut survivre suite à une telle décision.
Laurence Anyways est un très grand film, que je mettrais légèrement en dessous de Mommy, mais un très grand film tout de même. Le film est très ambitieux sur la forme comme sur le fond. Sur la forme, chaque plan ressemble à un tableau. C'est une évidence, ce film est juste beau. Sur le fond, le film est complexe puisqu'il raconte les évènement sur une dizaine d'années et en mode flashback. Dans le présent du film, Laurence est devenue une écrivaine et est interviewée par une journaliste pour raconter sa vie, du moment où il était encore un homme, jusqu'au moment où il est devenu une femme. C'est aussi l'occasion pour lui de raconter son couple avec Fred, entre disputes, ruptures et réconciliations.
Laurence Anyways est un film qui prend aux tripes et un film important sur la tolérance. Laurence est professeur dans un Lycée et les élèves acceptent sa transition de genre, mais c'est la direction et les parents qui ne l'acceptent pas, le poussant même à la démission. La société n'accepte pas les marginaux, mais au fond c'est quoi la marginalité et c'est quoi la normalité ? Nous sommes tous uniques et c'est la différence qui fait notre richesse.
Xavier Dolan enchaine les scènes chocs, violentes et belles, accompagnées d'une musique omniprésente. Chez Xavier Dolan, la musique c'est du classique, de la pop, de la variété, de l'éléctro ... et à chaque fois, c'est terriblement puissant. La mise en scène de Xavier Dolan transcende cette histoire d'un amour impossible, qui en devient encore plus belle et forte d'un point de vue émotionnel. C'est à ce point poétique et dur dans les extrêmes, que ça défie tous les codes de notre société. Il y a des hommes et il y a des femmes, mais il y a aussi ceux qui se définissent au-delà des codes de notre société. Laurence est donc une femme dans un corps d'homme, qui aime Fred qui est une femme. Cette histoire d'amour est d'autant plus belle qu'elle est compliquée.