Au début c'est un peu trop clippé, maniéré et foutraque. On comprend pas tout, on se dit que le film va être bien fatiguant. Et puis progressivement le rythme se calme, pour installer des personnages vivaces, qui ne sont pas près de vous quitter. Laurence Anyways est long, mais on ne décroche pas. Le très jeune réalisateur Xavier Dolan n'a pas peur de ses nombreuses idées, et les mets en pratique contre tous les peurs et préjugés. Ici l'intrigue assure une continuité d'année en année, mais c'est véritablement scène par scène que le film se déploie, des scènes qui sont réalisées avec force intuition et tripes, on le sent. L'histoire se tient aussi, miraculeusement pourrait-on dire : la transition de l'acteur principal rythme bien le film, mais Dolan a l'intelligence de ne pas en faire son intrigue principale. C'est l'arrière-plan, presque secondaire. Et ça évite au film toute velléité de film militant ou à message qu'il aurait du mal à assurer. Une histoire d'amour, donc, magnifiquement réalisée. La caméra se niche partout où on ne l'attend pas. Un chef-d'oeuvre !