Sur mes cahiers d’écolier, sur mon pupitre et les arbres, sur le sable de neige (…) Liberté j’écris ton nom.
À vrai dire, j'ai plusieurs fois tenté de regarder en entier, sans coupures ni déconcentration, Laurence Anyways : les deux premiers essais ayant été infructueux, j'ai réessayé. Cet ultime essai a payé, et m'a fait découvrir un film extraordinaire. En effet, Laurence Anyways est une déclaration d'amour à la liberté d'expression, aux femmes, à la mère (ah ce cher Xavier...) et à l'amour, tout simplement. Le film est, d'un point de vue technique, une pure merveille : il possède une patte, un caractère et est reconnaissable, dans son style comme dans son contenu. Les acteurs sont bien évidemment excellents : Melvil Poupaud est si vrai, si cru mais si juste dans son jeu, et Suzanne Clément, qui interprète la compagne de Laurence, Fred, est excellentissime grâce à cette rage qu'elle possède en elle et que Xavier Dolan fait surgir dans le personnage. Le scénario est alambiqué et compliqué, avec énormément d'ellipses, mais ces dernières contribuent à apporter la sensation d'une tranche de vie, qu'on peut réduire à appeler "transition", même si le terme plus approprié serait "changement de vie". Laurence Anyways, avec sa bande-son digne d'être un Dolan (Céline Dion, Depêche Mode, The Police ...) et ses plans sur des tasses de thé, est une prouesse technique, un joyau cinématographique réalisé par un jeune homme de 23 ans à l'époque, révélant encore un peu plus le génie de Dolan, qui touche ici à un sujet difficile mais parfaitement maîtrisé, qui ne tombe pas dans l'excès ni d'un mélo dépressif, ni dans une comédie d'initiation à la vie de femme.