Un mec qui se plante en moto. Ses obsèques où chacun y va de son commentaire. Ce mec à nouveau, avant, blondinet aux yeux d'un bleu à se noyer littéralement dedans. Le soleil levant. Putain, ce lever de soleil ! Dès cet instant, dès ce moment où l'on fait connaissance avec le Sahara dans toute sa splendeur, dans toute sa force, dans toute sa gloire, nous sommes fichus. Nous sommes happés, capturés pendant près de quatre heures.

Le Thomas Lawrence original ? Le vrai de vrai, le seul et l'unique qui aura pondu un bouquin sur toute cette histoire et qui sera si controversé ? David Lean s'en fout. Ce qui l'intéresse au David, c'est l'épique. Le furieux, le faramineux. Son Lawrence sera immense. Plus grand que grand. Complexe. Fascinant. Aussi hypnotique que ses yeux couleur d'azur. Ce que veut Lean, c'est en faire une figure insaisissable, lointaine, intouchable. Une ombre sur le sable chaud qui s'évanouit avant même d'avoir pu tendre le bras pour l'attraper. Ce que veut David, c'est illustrer une putain d'énigme.

Comme son désert. Un océan de sable et de roches qu'il filme comme personne. Vous aurez beau être peinard, le cul bien enfoncé dans votre canapé Ikea, un bon gros Coca glacé et pétillant à la main, vous aurez soif. Vous aurez peur. Vous frissonnerez. Vous allez craindre sérieusement pour votre peau et pour celle de tous ces bédouins, ces cavaliers des dunes, ces farouches guerriers qui se foutraient sur la moustache pour un regard de travers mais qui donnerait leur vie s'ils croient une seconde en vous. Le plus charismatique d'entre eux ? Omar Sharif. Non, pas celui du Tiercé, je parle du Docteur Jivago, je parle d'une des plus belles moustaches du septième art, un prince dont la première apparition envoie du bois.

Mais après l'aventure, la frénésie des combats, l'euphorique victoire, il y a la gueule de bois. L'amertume. Les désillusions face à un monde que l'on ne peut changer et qui de toute façon ne changera jamais, quoi qu'on fasse. Il y a ce sentiment d'impuissance, cette sensation de ne plus être à sa place, nul part. Cette folie qui vous guette, puis vous ronge. D'issue heureuse, de happy end, il n'en sera pas question. Nous avons pourtant été clair là-dessus dès le début.

Oui, près de quatre heures, c'est long. très long. Oui, dans le genre rois du désert, on trouvera plus authentique que Alec Guiness et Anthony Quinn. Mais on s'en bat les steaks. Parce que ces deux-là bouffent la péloche. Comme irradie Peter O'Toole dans son premier rôle sur grand écran. Comme vibre dans nos tripes la partition puissante de Maurice Jarre. On se fiche absolument de tout devant un tel spectacle aussi romanesque, aussi puissant, aussi fort que le "Lawrence d'Arabie de David Lean.

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le 13 juin 2014

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le 13 juin 2014

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Gand-Alf

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