Un journaliste politique et un décorateur homosexuel se retrouvent enfermés dans la même prison en Argentine. Alors qu'au départ, ils n'ont rien à voir, le décorateur se met à raconter des films au second, et peu peu, la distance va créer des liens entre les deux hommes.
J'étais étonné que le film soit tiré d'un roman, étant donné que l'action se passe en grande partie dans la cellule de prison, l'histoire pourrait être tirée au théatre. C'est aussi le grand titre de gloire de William Hurt, récompensé à Cannes et aux Oscars, et il faut dire que sa composition est tout simplement magnifique. Bien qu'il ait ici des traits efféminés et qu'il soit amaigri, il n'en jamais trop pour incarner un personnage dit homosexuel, et garde une grande dignité malgré des conditions de détention souvent affreuses dont va souffrir son partenaire de cellule, joué par Raoul Julia. Qui incarne quelque chose de plus viril, plus machiste dans son opposition à William Hurt, en le traitant au départ de tous les noms, et dont le point de vue va basculer quand il va tomber malade. Ce qui va le contraindre à se faire dessus alors qu'il est habillé et que, délicatement, William Hurt va le déshabiller non pas pour profiter de la situation, mais pour qu'il ait des draps propres pour se blottir dedans.
Quant au titre, il s'explique par les films racontés par le décorateur, qui sont comme une évasion virtuelle pour les deux hommes, et dont la fin sera quasiment un hommage à Peter Ibbetson, où le rêve sera un palliatif à la réalité.
Il en résulte un très beau film, à la fois politique sur la situation de l'Argentine, sur la place de l'homosexualité dans ce pays à cette époque, et sur l'explosion de William Hurt, qui ne fera jamais aussi bien que dans ce rôle doux, délicat, plus complexe qu'on peut le croire, et qui donne envie de croire aux rêves.