Jet Li est un acteur d'art martiaux qui connaît son sujet. Il est capable de produire des scènes d'actions dans lesquelles sa pratique du kung-fu est visible et appréciable des connaisseurs.
Luc Besson est un réalisateur de grand talent. Afin de financer ses œuvres personnelles, il produit des films dont la qualité est parfois nuancée. Oui, on appelle cela un euphémisme.
Dans le baiser mortel du dragon, le producteur et l'acteur se sont croisés, mais pas pour le meilleur. Si j'apprécie souvent Tchéky Karyo , il interprète ici une véritable caricature de flic français, à l'instar d'une brochette de fonctionnaires bourrins qui défouraillent à tout va comme s'ils travaillaient dans une république bananière aux ordres d'un despote sanguinaire.
Comment les scénaristes ont-ils pu pondre des scènes aussi outrancières ? Est-il envisageable une seule seconde qu'à Paris, les forces de l'ordre tirent dans le tas au cœur d'un palace, explosant littéralement la déco (vu les budgets dévolus au ministère de l'Intérieur, nul doute que le Ministre sauterait dans la journée vu le ravalement de façade nécessaire) voire tuent des badauds sur une berge du Seine ou mitraillent su un bateau mouche au milieu du public ? Je ne parle même pas d'assassiner un officiel chinois... la crise diplomatique qui s'ensuivrait équivaudrait à un casus belli entre les deux pays.
Mais on est pas ici à une incohérence près, comme la pauvre prostituée dont la fille est maintenue en captivité par le méchant flic et qui ignore le lieu de détention... jusqu'à la scène suivante où elle conduit sans sourciller l'agent secret chinois dans l'orphelinat où est gardée la petite. T-T
Au milieu de cette mélasse démagogique ne surnagent que très peu de moments dignes d'intérêt, martialement parlant, car le décès du scénario était annoncé depuis déjà un bon moment. Qu'il repose en paix et reste surtout six pieds sous terre. On pourra saluer l'utilisation originale des aiguilles d’acupuncture qui m'ont un peu rappelé des passages de Ken le survivant (autre oeuvre philosophique). Les dernières minutes du film, lorsque Jet Li affronte les frères bourrins, sont amusantes à regarder et constituent un véritable déssert après l'insipidité du menu qui a précédé.
Pour ceux qui souhaitent apprécier les prouesses martiales de cet acteur, il vaudra mieux se tourner vers des œuvres plus traditionnelles se déroulant dans l'Empire du milieu aux temps jadis. On y voit des scènes autrement plus belles qui, si elles ne sont pas toujours réalistes, ont au moins le mérite de posséder un fond de poésie. Luc Besson, en tant que producteur, a manifestement oublié de quoi il s'agissait dans ce projet.