Sujets fantômes
Mélanie Laurent poursuit ici sa carrière de réalisatrice avec cette adaptation pour Amazon d'un roman ancré dans une réalité historique, à savoir les prémices de la psychiatrie, et son corollaire de...
Par
le 22 sept. 2021
9 j'aime
Voir le film
Mélanie Laurent poursuit ici sa carrière de réalisatrice avec cette adaptation pour Amazon d'un roman ancré dans une réalité historique, à savoir les prémices de la psychiatrie, et son corollaire de déshumanisation, et notamment du traitement des femmes et de leur supposée hystérie. C'est donc une espèce de Vol au Dessus d'un Nid de Coucou féministe qui n'annonce ici, croisée avec une histoire de fantômes, et c'est plutôt alléchant.
Alléchant mais le menu des thèmes à traiter est dense, et le moins que l'on puisse dire est que les scénaristes ont du mal à faire leurs choix. Peinant à décrire les angoisses de sa patiente protagoniste et les doutes de son infirmière en chef avec implication, le récit échoue surtout à donner du corps et de l'âme à la sororité solidaire qui doit émerger de cet enfermement cruel. Pire, la relation de fascination et d'amitié entre Mélanie Laurent et Lou de Laâge semble à la fois infondée et désincarnée. Quant à la puissance destructrice du patriarcat bourgeois dans cette psychiatrie expérimentale, elle a certes le mérite d'être évoquée mais sans profondeur et avec beaucoup de caricature.
Lou de Laâge est chargée d'incarner cette découverte d'un univers réellement terrifiant et, en parallèle, de faire vivre à elle seule la side story fantastique des présences fantomatiques qui la traverse. Cet aspect du film pose de nombreux problèmes. Tout d'abord, l'actrice principale n'est pas avare en performance très théâtralisée et mime la possession telle une Nicolas Cage française toujours à la frontière du trop, limite que la direction d'acteur ne l'empêche pas toujours de franchir.
Puis, il y a ce refus de la réalisatrice d'essayer de filmer ces spectres, existants ou non, alors qu'ils pourraient constituer un réel enjeu de narration visuelle. C'est un choix que l'on a du mal à expliquer d'autant que la réalisation est plutôt généreuse par ailleurs, marquée une belle photographie et des intentions stylistiques louables même si souvent trop surlignées.
Le séant en lévitation entre trois chaises, Le Bal des folles ne réussit réellement aucune de ses entreprises : ni le film de fantômes, ni le récit historique, ni la description d'une résistance et d'une entraide féminine. Et c'est d'autant plus dommage que l'on perçoit clairement que la matière était à disposition.
Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films de 2021
Créée
le 22 sept. 2021
Critique lue 1.8K fois
9 j'aime
D'autres avis sur Le Bal des folles
Mélanie Laurent poursuit ici sa carrière de réalisatrice avec cette adaptation pour Amazon d'un roman ancré dans une réalité historique, à savoir les prémices de la psychiatrie, et son corollaire de...
Par
le 22 sept. 2021
9 j'aime
Gros coup de cœur pour ce film doté de véritables moments de grâce apporté par un casting féminin au sommet de leur art, de Laâge, Laurent et Bercot en tête. Ceci complétée par une bonne réalisation...
le 17 sept. 2021
7 j'aime
Le bal des folles raconte l’histoire d’Eugénie qui a le don de parler avec les morts. Sa famille la croit folle et l’interne à la Salepetrière aux grands regrets de son frère Théophile. Eugénie...
le 19 sept. 2021
6 j'aime
Du même critique
Les Fils de Sam n'est pas l'histoire de cette série de meurtres terrifiants et imprévisibles qui secoua New York pendant l'été 1977. Cette histoire là, l'officielle, sera expédiée dans le premier...
Par
le 21 mai 2021
4 j'aime
Comme un retour aux racines du conte médiéval et son lot de violence, Castelmaure prend le parti de raconter trivialement une horrible et épique histoire d'hérédité, de pouvoir et de sorcellerie, en...
Par
le 24 janv. 2021
4 j'aime
Film malade issu d'une production chaotique que ses auteurs réfutent aujourd'hui, The Professor and the Madman est un vieux projet que Mel Gibson souhaitait confier à son poulain Farhad Safinia...
Par
le 1 avr. 2021
2 j'aime