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Le titre ne fait pas plus clair.
Bien que l’intention soit noble, on se perd dans une histoire qui, au lieu de défendre les femmes, les placent en victimes, évacue de façon révoltante les problématiques propres au féminisme, voir l’achèvent :

L’intention était pourtant bien là : la promesse est de faire état des débuts des recherches psychiatriques sur l’hystérie et rendre compte des traitements subits par les femmes internées à la Salpêtrière - introduits par Freud et reconduits par Charcot au XIXe siècle.
Seulement, déjà ici tout fout le camp. Pas de profondeur, pas de violentes crises émotionnelles qui peuvent frapper l’individu, mais des tressaillements en demi-teinte - ou de la folie inexpliquée et réductrice, ou bien quelques rictus de bouche semblent suffire à faire partie du « Bal des folles ».

Alors, lorsqu’Eugenie y entre, on peine à croire aux motifs qui ont poussé ses proches à l’y conduire.

En effet, encore une fois, la promesse n’est pas respectée. On se retrouve face à des visions fantômes (dont le choix est de ne pas les rendre visibles - ça aurait donc pu être le bon) qui manquent remarquablement de force. L’actrice Lou de Laâge nous les mime comme micros crises d’angoisses qui, attention, ne déferont ni son maquillage ni son chignon. Elle semble réagir toujours de la même façon à ses apparitions moyennes (avant ou après les avoir identifiées d’ailleurs) sauvée par un preux chevalier de bistrot qui a bien voulu prêter son bouquin à la pauvre cruche.

Le personnage principal, Eugénie, manque donc un peu de profondeur dans l’écriture. Elle semble vivre les choses de manière passive, n’entre que peu dans la noirceur, ne suffoque pas tant alors que les conditions extrêmes d’incarcération sont réunies pour.

Le rapport aux hommes est cette fois-ci écœurant : alors que le parti est de dénoncer l’hégémonie du grand patriarcat, voila qu’on protège les hommes qui incarnent des rôles hyperbolés, prenant appui sur la crédulité pas classe du spectateur. Médecin décisionnaire sans cœur, ouais,bon - assistant précoce violeur et libidineux, ouais,bon - frère homosexuel hypersensible et plein de culpabilité, ouais,bon. Des caricatures et stéréotypes donc qui permettent un sacré bel évitement du sujet à traiter.
Pas de personnage masculin non plus véritablement complexe.
Une façon d’enfoncer le couteau-clou de façon désuète et désincarnée.

On peut également déplorer entre les deux protagonistes un faux soutien, une amitié donc qui n’a pas lieu d’exister et qui pourtant explose à la fin comme « you’re my sistaaa ». En effet, chacune se parle pour ses propres intérêts (l’une veut sortir du bourbier dans lequel on l’a mise, l’autre a envie de trans communication) - aucune raison donc de s’envoyer des missives passionnées. Encore une fois, on se demande si l’amitié n’est pas elle aussi contée de manière moyenne.

Un film moyen, mal joué, manquant de profondeur et de convictions.

Un film de Melanie Laurent par Mélanie Laurent avec Mélanie Laurent.

jasmincigarette
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le 23 nov. 2021

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