Durant la Seconde Guerre mondiale, trois hommes se retrouvent pris dans la tourmente. Le lieutenant Christian Diestl (Marlon Brando), persuadé du bien-fondé de l’idéologie nazie dont il s’est fait le représentant, est convaincu qu’il est juste de tuer des hommes si c’est utile pour aboutir à la paix. Le chanteur américain Michael Whiteacre (Dean Martin) cache sa peur de la mort derrière un pacifisme qui ne l’empêche nullement de se faire appeler au front. Son ami, Noah Ackerman (Montgomery Clift), juif désargenté, doit partir alors même qu’il vient de se marier. Au cœur de la tempête, chacun va voir sa vision des choses bouleversée par une dure réalité…
Sans doute un des plus grands succès d’Edward Dmytryk et encore aujourd’hui sûrement son film le plus connu, Le Bal des maudits ne reflète pourtant pas ce qui fait la grandeur de ce réalisateur hors-normes. Peinant à faire exister des personnages sans grand relief, le réalisateur ne parvient jamais à retrouver la profondeur et la subtilité qui caractérisait les protagonistes de son chef-d’œuvre Ouragan sur le Caine. Hésitant trop entre le drame pur et le film de guerre classique, Le Bal des maudits manque singulièrement de souffle, le drame entravant l’aventure par des dialogues longs et parfois dénués de fond, et l’aventure empêchant le drame d’acquérir la profondeur qu’on était en droit d’attendre.
Si les trois têtes d’affiche nous livrent évidemment de belles prestations, leur personnage ne suscitent que très occasionnellement une empathie de la part d’un spectateur qui, dès lors, n’arrive jamais à s’impliquer pleinement à leurs côtés. Fort heureusement, il reste un impressionnant tableau de la Seconde Guerre mondiale et de plusieurs de ses facettes dépeintes sans manichéisme, qui donne un regain d’intérêt à cette fresque historique.
Cela ne justifie toutefois pas d’avoir étiré sur 2h40 un scénario dont la narration trop éclatée ne se redresse que le temps d’une poignée de scènes marquantes (la visite du lieutenant Diestl au capitaine Hardenberg blessé, la libération du camp de concentration), qui nous font malgré tout toucher du doigt le chef-d’œuvre que Le Bal des maudits ne réussit jamais à être.