Un film plus qu'inégal, avec pourtant de très beaux passages.
Je ne connaissais pas du tout ce film lorsque je l'ai acheté, au sein d'un coffret de films de guerre bien sympathique (celui là, un avec Sinatra, et un avec McQueen). Et le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est un film inégal. Je m'explique.
Le film opte pour le choix des destins entrecroisés. C'est souvent la meilleure manière d'avoir des segments inégaux. D'un côté, le film offre une réflexion assez avant-gardiste sur l'armée Allemande (notamment pour une production Américaine), avec un Marlon Brando perdu dans une armée Allemande qu'il ne reconnait plus. De la poésie qui découle d'une histoire d'amour avec une jeune Française qui ne voyait qu'en lui qu'un "young golden warrior" aux cheveux blonds, à la prise de conscience des camps de concentration, ce segment est vraiment très intéressant. D'ailleurs j'ai trouvé ça assez inédit, cette approche sans détour des camps de concentrations, alors que la mode était à l'époque de fermer les yeux dessus, jusqu'à la prise de conscience des années 60/70. Pour les amateurs d'Apocalypse Now, il est d'ailleurs très agréable de retrouver certains traits de jeu de Brando interprétant le Colonel Kurtz dans ce film. Car si Kurtz est la création d'un trauma, c'est bel et bien également un trauma qui est expliqué dans ce film, vis à vis du destin tragique et inhumain de l'Allemagne.
A côté de ça, on a le destin de Dean Martin, star de Broadway dans l'armée, et d'Ackerman, le jeune homme pauvre et juif. Et là, on entre dans le film terriblement lambda. Je ne vais pas m'étendre longtemps dessus, car on se tape tous les clichés du genre, de l'entrainement jusqu'au combat. Enfin moi je me suis vraiment ennuyé, surtout que du côté Américain, c'est quand même pas les bons films de guerre qui manquent. Et même malgré la présence du génial Dean Martin, j'attendais toujours le retour aux segments de Marlon Brando.
Au niveau de la réalisation, c'est propre. Enfin sans plus. C'est pas transcendant niveau photo, le noir & blanc est honnête. Enfin d'ailleurs, mettre du noir & blanc dans un format cinémascope, moi je trouve ça un peu nul. On aimerait que ça soit en couleur. D'autant plus que la couleur n'était pas inaccessible pour ce genre de production (en plus c'est la Fox). Enfin ça m'a un peu échappé. Ça reste l'occasion de glisser ça et là quelques images d'archives (toujours le moyen d'économiser un peu de fric pour pas faire des scènes de combat en plus), mais je trouve que ça gâche un peu le film. C'est vraiment utilisé avec bien plus de brio dans Le Jour le Plus Long.
Donc voila, je trouve que c'est une réussite en demi-teinte. J'ai vraiment beaucoup aimé les passages avec Brando (de toutes façons, j'aime beaucoup quand le cinéma évoque l'armée Allemande comme des hommes plutôt que de la traiter comme des soldats bons à mourir à l'usine, d'où mon amour pour Croix de Fer ou Das Boot), mais le reste, je me suis un peu ennuyé. Puis ça dure près de 3h, en plus. Le film aurait duré 3h sur le segment de Brando, je pense que ça aurait été un grand film. Puis l'uniforme Allemand lui va bien.
Au moins ça permet toujours de compléter un peu la filmo de Brando et de Dean Martin.