Jean Nohain et Claude Dauphin sont frères à la ville. Ils en commun d'avoir été d'authentiques soldats des Forces Françaises combattantes. Le film de Berthomieu est l'adaptation d'une pièce de théâtre du premier et offre au second de composer trois personnages d'une même famille. Voilà pour les présentations.
Le sujet de Nohain relate à la Libération les diverses postures d'une poignée de français, autrement dit ceux qui se sont bien comportés pendant l'Occupation...et les autres.
La pièce n'est pas subtile et, même enfonce des portes ouvertes, mais elle a parfois du mordant concernant les attentistes, les compromis, sinon les collabos. Et on y trouve un vrai dépit à considérer que ces derniers s'en sortent bien et reprennent avec succès leurs petites affaires, ainsi qu'au bal des pompiers, c'est toujours les mêmes qui dansent...
Nohain et Dauphin, par leur passé, sont fondés à dénoncer ou à éprouver de l'amertume dans cet immédiate après-guerre. Toutefois, cela ne fait pas un bon film pour autant. D'abord, le film passe insensiblement d'une ironie plaisante à un discours moralisateur qui finit en règlement de comptes. Ensuite, le scénario, entre redondances et facilités, élève rarement le débat au-dessus de la caricature et du manichéisme.
Enfin, Claude Dauphin a sa part de responsabilité: il est très mauvais dans les trois rôles qu'il campe! Il cabotine en vieillard à la voix chevrotante ou en dramaturge infatué qui copina avec l'occupant et qui évoque très évidemment Sacha Guitry. Il surjoue et c'en est exaspérant.
C'est dommage, car la pièce, en mettant les pieds dans le plat, n'est pas sans une certaine impertinence.