Plan canicule Nº3 "Voyage à la fraicheur de la montagne et avec le sourire s'il vous plaît." (3/6)



  • Ainsi, vous vous êtes égarés?

  • Non, non, en réalité, nous étions parti à la poursuite de...

  • Vous étiez partis à la poursuite de?

  • D'un chiroptère. Oui, nous étions partis à la poursuite d'un chiroptère.

  • Tiens, tiens, tiens. Je croyais que les chauve-souris étaient en hibernation durant les mois d'hiver.

  • Ah, pas toujours, pas toujours, votre excellence.



Troisième journée sur six de prévu à transpirer comme un malade et un nouveau ''Plan canicule'' par ce temps irrespirable et caniculaire. Cette fois-ci, je vous envoie faire une virée en Transylvanie où il règne une fraîcheur bonne et ardue. Un petit temps rafraîchissant idéal, néanmoins, un petit risque sanguin est à prévoir, ma foi rien de bien méchant.


Le vendredi 28 juin 2019 température 40 degrés, critique 3/6 "Le Bal des vampires".


Roman Polanski signe avec Le Bal des vampires un quatrième long métrage complètement irrésistible et en rupture totale avec le genre au moment de sa sortie. Un grand classique que je ne me lasse jamais de regarder malgré les années. Une sorte de caricature abracadabrantesque fantasque dans une allure dédicacée aux films du studio de la Hammer.


Le culte du vampire y est affranchi dans l'humour et le délire dans de nombreuses frasques du récit. C'est ainsi qu'on se retrouve avec des suceurs de sang pervers, homosexuels avec une touche d'inceste dont un serviteur à côté de ses pompes.


Le scénario est bien travaillé ne tombant jamais dans la simplicité ni la facilité de son humour décalé. Il en vient même à proposer un accouplement des genres efficaces par un cadre horrifique mêlé à une comédie subtile sur un fond légèrement dramatique livrant un ensemble honnête et inventif.


Un film qui a du mordant.


En définitive, il ne faut pas faire l'erreur de croire que parce qu'il s'agit d'une comédie on passe obligatoirement par le happy end de convenance. Mieux que cela l'amertume de cette fin vient complètement chambouler le spectateur qui assiste finalement à la prolifération du vampirisme par un héros victime de son récit.


Se renouvelant continuellement dans son action malgré un rythme assez lent qui jamais ne fait tomber l'intérêt du film même si la progression de l'histoire se veut molasse. Cet intérêt ne faiblit jamais grâce à une pléiade de personnages authentiques magnifiquement interprétés et illustrés aucun n'étant en dessous d'un autre dans des costumes impeccablement choisis.


Le duo Roman Polanski/Jack McGowran est merveilleusement génial fonctionnant dans une parfaite dissonance dans l'antithèse continuelle du maître et de son élève qui s'avère ici plus réaliste que son aîné. Peut-être le meilleur duo cinématographique.


Roman Polanski joue Alfred l’acolyte du professeur. Dans un jeu d'acteur tout en finesse il incarne ce personnage frêle et trouillard avec beaucoup de soin. Un jeune héros peut être trop innocent et malin qui payera le prix fort de l'exubérance de son mentor.


Jack McGowran dans le rôle du professeur Abronsius est divin. Une interprétation remarquable sous les traits d'un vieux héros fêlé du casque. On le croirait sorti d'un vieux roman de Don Quichotte version encore plus sénile. Chacune de ses apparitions est un véritable délice d'interprétation, et puis cet accoutrement étrange est à tordre de rire.


On retrouve la magnifique fille des aubergistes Sarah alias Sharon Tate dans une coupe version teinte rousse la rendant encore plus affriolante qu'à l'accoutumer. Elle apparaît peu et n'a d'intérêt que d'être secourue mais ses brèves apparitions sont envoutantes de par cette sensualité pulpeuse... hum je m'égare là !


Le comte Von Krolock ainsi que son fils Herbert sont parfaits en antagonistes. Ils incarnent les vampires dans la création droite et noble de la Hammer. Néanmoins le fils réserve quelques surprises étant gay et puissamment attiré d'un désir frénétique par ce pauvre Alfred qui n'a décidément pas beaucoup de chance.


La course poursuite entre Herbert et Alfred dans le château est à tordre de rire dans une mise en scène qui force le respect.


Mais l'oscar revient à l'authenticité du couple d’aubergistes et plus précisément au père de famille Yoine Shagal. Ils sont des personnages marquants pourvus d'un fort tempérament. Ils méritent qu'on s'attarde sur eux.


À présent parlons de cette mise en scène qui techniquement explose allègrement les mirettes par une fluidité d'image qui impose le respect. Polanski prouve son talent de réalisateur dans des cadrages inventifs et audacieux. Je pense en particulier à la séquence où le duo improbable essaye d'infiltrer le caveau des Von Krolock pour les tuer et où le professeur Abronsius se retrouve coincé dans la lucarne. Une scène tenant totalement du génie.


Les décors sont également mis en valeur par une photographie sublime des plans extérieurs glacés. Les paysages enneigés figurent certainement dans les meilleures reconstitutions d'un comte horrifique. Le château est imposant dans une posture d'épouvante dans le plus pur style de la Hammer, faisant même mieux.


Enfin je terminerai par la musique décalée de Krzysztof Komeda (le calvaire à écrire) qui enrichit positivement le film. Une multitude d'OST rythmés dans une tonalité comique mais surtout horrifiques avec ce son tout droit sorti d'une chorale mortuaire qui donne le frisson et joue positivement notre esprit. Du grand art !


CONCLUSION:


Le Bal des vampires est un chef-d'oeuvre signé Roman Polanski ingénieux avec sa consonance burlesque mêlée à l'effroi dans une multitude de séquences anthologiques qui sentent bon le culte avec ses nombreuses poursuites, ses infiltrations, ses personnages authentiques à souhait et surtout le fameux bal de l'horreur.



Je conseille ce film dans sa version restaurée qui est magistral, où on peut profiter allègrement du travail hors normes de Polanski qui signe et interprète là très certainement sa meilleure oeuvre.



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Créée

le 28 juin 2019

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