---Bonjour voyageur égaré. Cette critique fait partie d'une série de critique. Tu es ici au neuvième chapitre. Je tiens à jour l'ordre et l'avancée de cette étrange saga ici : http://www.senscritique.com/liste/Vampire_s_new_groove/1407163
Si tu n'en a rien a faire et que tu veux juste la critique, tu peux aller directement au deuxième paragraphe. Bonne soirée. ---
Le désespoir m'envahit. J'ai la tête qui tourne à force de passer sans cesse d'un chef-d'oeuvre à un navet, sans jamais savoir à quoi m'attendre. Mon teint pâli de jour en jour mais je dois faire face, poursuivre mon traitement coûte que coûte. Cela dit, la dernière fois que j'ai persévéré dans une saga qui m'avait déçue, je n'ai réussi qu'à être déçue d'avantage. Gardons en tête une majorité de bons films pour la Hammer et ne nous attardons pas sur la firme légendaire. Allons de l'avant et traversons les ages. Je dois continuer. Quittons la lourdeur horrifique au premier degré, prenons du recul, partons vers des horizons inexplorés. Pourquoi pas... L'humour ? J'hésite avant de changer la nature de ma médication, puis j'ose. Vive le changement.
Et me voici engagée, pour la deuxième fois seulement depuis le début de mon périple, dans un film de vampire qui ne traite pas de Dracula. Cela dit, c'est tout comme, et nous retrouvons ici les grands piliers scénaristiques issus du mythe de Bram Stocker : Une vieille auberge au tenanciers superstitieux, un vieux château qui semble a moitié abandonné, un vieux compte encapé aussi serviable qu'effrayant, etc. On retrouve notre aimable réalisateur dans l'un des rôles titres, assis aux coté d'un personnage tout à fait singulier et détonnant pour un film de vampire. Jack MacGowran (j'ai regardé sa filmographie, il n'aura pas brillé dans beaucoup d'autre film) interprète un professeur vieillissant et excentrique, aux allures de Don Quichotte, poursuivant une quête tout à fait démesuré pour ses petits moyens. Tout comme le héro de Cervantes cependant, la maladresse et la naïveté du personnage le rendent attachant et l'on suit, cahin-caha (je n'aurais pas pu mettre ce mot dans la critique d'un autre film, donc j'en profite), ses aventures, entre drôleries et frissons. Le personnage de Roman Polanski quant à lui est plus difficile à cerner, à mi-chemin entre le goujat mal élevé et le preux chevalier au grand cœur. La relation qui unit ces deux premiers personnage détonne elle aussi et nous démontre que ce film n'est pas un film de vampire comme les autres. La ou on aurait vu dans un film plus "traditionnel" un honnête respect mutuel doublé éventuellement d'une virile sympathie, ou trouve une ridicule dévotion d'un étudiant raté envers un professeur à moitié sénile. Si chacun d'eux se place déjà individuellement plutôt du coté des anti-héros, leur relation ne fait que les ancrer tous deux dans cette case.
Et il en va ainsi de l'ensemble du film, et c'est exactement ce qui en fait un chef-d'oeuvre : on part d'un élément convenu vu et revu, et on le détourne d'une façon originale et espiègle. Que l'on parle de la musique, stridente et effrayante a souhait à la première écoute, puis parfaitement lassante et désespérante a force de la ressortir à tout moment, surtout à ceux qui ne s'y prêtent clairement pas ; des vampires, beaucoup plus humains presque que les humains eux-même, vivant en société dans ce château délabré qui devient finalement une sorte d'immense coloc' ou on fait soirée tous les jeudis soir, etc. La scène du bal, justement, de laquelle on m'avait dit beaucoup trop de bien ne m'a étonnamment pas déçue. Je dis ça car, comme tout le monde, quand on me sur-vend quelque chose, je n'y repère plus au visionnage que les points négatifs. Mais là, je dois dire que j'ai tout de même été bluffé, par cette maîtrise de l'entrelacement des dialogues et des mouvements, de l'image et du son, sans parler d'un montage, qui passe d'un plan séquence (qui a dut être diablement dur a tourner par ailleurs) à un montage de plus en plus rapide, violant au passage la règle des 180° en toute élégance. Jusqu'à cette chute, à la fois hilarante et terriblement bien trouvée. Et comme une bonne chute n'arrive jamais seule, je clôturerai cette page de mon quotidien en levant mon chapeau à la chute, non plus de la scène de bal, mais du film lui-même, à l'image de tout le reste, renversant les codes l'air de rien, et proposant par ailleurs une ouverture tout à fait intéressante.