C'est le premier film de Karel Zeman que je regarde et franchement c'est impressionnant. On est là face à un virtuose méconnu du cinéma, on sent clairement l'inspiration de George Melies, dans les décors splendides et colorés et dans certaines actions qui rendent clairement hommage au cinéma muet. On pense aussi à l'expressionnisme allemand, notamment lors de la première partie chez le sultan qui rappelle la seconde partie des Nibelungen de Fritz Lang et le prince Ahmed.
Malgré ces références colossales qui arrivent tout de suite en tête, Le Baron de Crac tient le choc et s'affirme comme un film totalement unique. Les décors sont totalement incroyables, d'une créativité sans pareille ils apportent beaucoup au propos du film. En effet ce genre de cinéma va parfaitement au personnage du Baron de Munchaussen (ici appelé Baron Prasil), suivant sa philosophie l'imaginaire est tout puissant et le rêve est roi, le film peut donc se permettre de passer outre les lois de la physique, de la logique, de la géographie ainsi que celles du corps et de la pensée humaine.
Libéré de ces contraintes physiques et porté par des décors somptueux et une photographie aux couleurs superbes, le film nous propose un road-movie psychédélique très agréable même s'il comporte quelques moments de flottements.
On notera l'influence de ce film sur Terry Gilliam (qui a lui même fait une version du Baron de Munchaussen toute aussi créative mais moins maitrisée), notamment lors des séquences d'animation qui ont clairement inspirées celles de Sacré Graal.
C'est donc un film unique sur le pouvoir de l'imagination, à mis chemin entre Melies et les Monty Python. A voir d'urgence pour ceux qui aime le cinéma bien créatif