J'aime énormément le baron de Münchausen. L'adaptation de Terry Gilliam est un de ses films que je préfère. C'est avec un immense plaisir que j'ai suivi cette adaptation de Karel Zeman. Les Slaves ont toujours été les plus fidèles et les plus débrouillards quand il s'agissait d'adapter des oeuvres du patrimoine littéraire mondial.
Le film repose sur des trucages que d'aucun trouveront très cheap : des acteurs sont filmés en transparence sur des décors peints qui rappellent des gravures de Gustave Doré. Le noir et blanc est coloré de filtres chatoyants, que j'aime beaucoup (vert sur la lune, jaune à Constantinople, bleu lors du passage du pôle, rouge sur la mer rouge etc...). Il y a également des passages d'animation en stop-motion (oiseaux, monstres, homme en train de chuter...).
Le film s'ouvre et se termine sur la lune, avec des allusions à la course à l'espace et déjà (nous sommes en 1961) la peur que l'astre des poètes soit défloré par la technologie. Le film, comme le livre, est un bijou de fantaisie et d'appel à l'aventure débridé de tout souci de vraisemblance. On se focalise moins que chez Gilliam sur la personnalité du baron, et davantage sur le comique des situations. C'est un magnifique film à faire regarder par les enfants, pour nourrir leur imaginaire. On y trouve la féérie qu'évoquent les maquettes et les dessins d'enfants. Bien plus, à mon sens, que dans le meilleur des Disney.
Il y a tellement de petites trouvailles amusantes et savoureuses, comme la figure de proue du bateau qui fume la pipe, le jeune premier qui utilise la tête d'un eunuque pour jouer du gong, ou le baron qui joint ses deux mains pour se faire une longue vue. Ou les canons, dans leur batterie, qui s'agitent à l'unisson des mouvements du général.
Ce film est un régal, et sans doute compléterai-je à l'avenir ma connaissance de la filmographie de Karel Zeman.
Synopsis
Le premier homme sur la lune arrive en fusée et trouve des traces de pas, qui le mènent à Cyrano de Bergerac et au baron Prajil, qui le prend pour un Sélénite. Il le ramène sur terre dans un dirigeable tiré par des hippogriffes et le présente au sultan. Mais Tony, le jeune homme, tombe amoureux de Bianca, danseuse et princesse du harem, par conséquent le baron l'aide à la délivrer. Ils fuient à cheval les poursuivants du sultan, et rejoignent à la nage un galion.
Pour échapper à la flotte turque, tout l'équipage se met à fumer, cachant le galion dans un nuage tandis que les deux bords de la tenaille turque se tirent dessus et coulent. Le baron est séparé des autres avec la princesse ; ils sont recueillis par des pirates, mais le bateau est avalé par une baleine, qui traverse le pôle Nord. Mais la baleine finie harponnée. Ils se retrouvent sur une île où est également Tony, qui met au point un navire à vapeur, qui explose. Le baron part en griffon, et visite l'océan à dos d'hippocampe.
L'équipe est recueillie par un fort qui est attaqué. Pour aider le général, le baron saute sur un boulet et survole le champ de bataille. Le baron trinque avec le général et parle de ses conquêtes. Le lendemain, il n'y a plus de poudre à canon. Le baron remplit un boulet de tabac turc, tire dedans au pied et fait fuir les généraux ennemis.
Tony, soupçonné, est emprisonné. La princesse vient le voir et il lui dit son plan : il a bourré le puits de la forteresse avec la poudre, et veut ainsi propulser le château jusqu'à la lune.