En fait, contrairement à ce que son titre laisse entendre ainsi que les diverses classifications (Senscritique n’est pas le seul à imposer le tampon « fantastique » au film), nous nous retrouvons plus face à une comédie amoureuse avec une légère aura fantastique dans quelques plans et dans sa scène d’ouverture (absolument magnifique au demeurant) qu'à un film véritablement fantastique.


La beauté et le style très expressionniste des décors de la première scène laissent rapidement place à une histoire d’amour bien plus classique de bourgeoise et de servantes, de pauvres et de barons. On est presque dans un conte de fée dans sa structure narrative avec cette recherche d’un objet (le trésor) qui va résoudre la situation, le tout dans un contexte de première moitié de XIXe.


La poésie des dialogues se laissent écouter avec plaisir et quelques blagues et situations fonctionnent plutôt bien, on rigole de bon cœur avec le film. L’humour m’a surtout semblé jaillir du personnage d’André Lefaur que je ne connaissais pas avant. Son usurpation d’un rejeton de Louis XVI est assez comique surtout quand il en fait des caisses pour rester « noble ». On regrettera par contre l’absence d’une intrigue plus ambitieuse. Par-là, j’entends qu’on a une des sœurs, Anne, qui joue un jeu un peu trouble et qui essaie de saboter le couple de sa sœur adoptive mais ça reste quasiment à la limite d’un quiproquo et on se tape un happy-end à la fin. De fait, l'intrigue reste globalement très basique et tourne autour de ce triangle (ou quatuor) amoureux.


Si les décors sont globalement assez jolis, notamment tous les plans sur ces ruines et châteaux, la réalisation reste assez gentillette et très (trop) discrète. Surtout si on compare la majorité du métrage avec cette séquence d’ouverture qui assume ses partis pris pour créer une ambiance fantastique au poil. Certains moments nous y replonge de temps à autre mais bien souvent, Serge de Poligny préfère céder au romantisme un peu trop niais à mon goût.


Et finalement, le film laisse un goût mitigé. Parce qu'on sent bien que l'histoire, les personnages, les décors, tout ça pue le conte de fée. On a la mère qui peut être une sorte de marâtre, ce récit initiatique du personnage d'Hervé qui voit son enfance se faire tuer, ce faux-roi, des mariages, et juste ce qu'il faut de fantastique pour créer cet « autre monde », cet univers du conte. Et quoi de mieux qu'un conte de fée dans une période aussi maussade où l'une des morales sous-jacente est que tout va finir par s'arranger ? Seulement voilà, la caméra n'ose guère s'engouffrer dans cette voie et n'ose pas prendre son sujet comme il est. Et c'est bien dommage parce qu'on passe à côté de quelque-chose.

Ji_Hem_
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le 28 mai 2021

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Ji_Hem_

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