Torpillages, lancers de grenades sous-marines, sonar, craquements de coque... des ingrédients largement utilisés par Hollywood, notamment dans l'excellent Torpilles sous l'Atlantique. Oui mais ici, on n'est pas à Hollywood, le réalisateur Wolfgang Petersen gère parfaitement l'énorme logistique technique d'un tournage périlleux, et montre la guerre du côté allemand, en plus de 2h d'angoisse soutenue par une bonne musique au synthé de Klaus Doldinger, dans une atmosphère moite, avec des plans stupéfiants de caméra qui s'engouffre à l'intérieur des couloirs étroits d'un U-Boot, parvenant à rendre d'une manière réaliste et poignante l'existence d'un équipage entre claustrophobie, étouffement et promiscuité. Son commandant incarné par Jurgen Prochnow (qu'on découvrait et qui fera une petite carrière à Hollywood ensuite) symbolise tous les sous-mariniers de toutes les armées, car ce film s'attache surtout à décrire le quotidien de ces hommes enfermés dans ce cercueil de métal flottant isolés sous les eaux et ne voyant du monde extérieur que ce que leur offre la lunette du périscope, et la version director's cut qui rallonge le film d'1h gagne en intensité. Les rapports humains sont rudes, virils, authentiques, assortis d'une tension permanente. Ce point de vue par endroits appuyé qui fait passer ces gars pour des héros au détriment des Alliés, peut gêner, mais au bout du compte, les victimes sont les mêmes que du côté des Alliés : des pauvres types idéalistes qui perdent leurs illusions, engagés dans un conflit qui les dépasse.