Parfois, c’est à se demander si une suite à une suite inutile, d’un film qui se suffit à lui-même, semble nécessaire. « Stepfather III » correspond parfaitement à cette problématique, car l’ensemble du projet apparaît poussif. Terry O’Quinn ne reprend pas le rôle de Jerry Blake (sage décision), bien que le personnage demeure le protagoniste. Le film s’ouvre ainsi sur une séquence d’opération chirurgicale peu ragoutante, qui annonce une ambiance malsaine pour la suite. Elle intervient alors que le beau-père, encore échappé de l’asile (décidément…), se fait changer de visage pour pouvoir renouer avec sa passion : trouver des mères célibataires pour les tuer, elles et leurs gosses (tant qu’à faire).
Diffusé sur HBO, « Stepfather III » ne peut même pas se targuer d’avoir emprunté le chemin des salles obscures. C’est là un signe assez clair sur le fait que parfois il est important de savoir s’arrêter à temps. Pour le reste, il se contente de reprendre le chemin balisé des deux premiers et répète une fois de plus l’opération, sans réelle réussite ni grand intérêt. Il en reste toutefois une ambiance sympathique, qui saura ravir les amateurismes de serial killer de télé, comme les fascinés d’histoire criminelle, sans pour autant ressembler à une production passionnante.
Passé cet aspect un peu rédhibitoire, l’idée ne se révèle pas si mal que ça, puisque le récit prend le temps de développer davantage ses personnages, avec près de 2h au compteur. Le modus operandi de Keith Grant (le nouvel alias du beau-père) et son immersion dans la famille est plus travaillée, tout comme sa relation avec sa femme/proie et son beau-fils. Toutefois, le film ne parvient jamais réellement à convaincre, en partie car Robert Wightman ne trouve jamais le ton juste et cherche trop à se positionner dans les souliers de Terry O’Quinn. Peu convaincant, il n’arrive que très rarement à tenir un personnage qu’il peine à rendre inquiétant.
La mise en scène particulièrement plate de Guy Magar n’aide pas non plus à délivrer une histoire palpitante. Cinéaste de peu de films (quatre), Magar est avant tout un réalisateur de série TV, ayant œuvre sur un bon nombre de programmes cultes, de la fin des années 1970 jusqu’a la fin des années 1990. Du fait, le métrage s’avère un peu emballé comme un épisode de série, très impersonnel, il se contente de remplir un cahier des charges, sans beaucoup d’éclat.
Alors qu’il avait la possibilité de transcender, à sa sauce, le principe repris au premier film, « Stepfather III » se situe trop souvent dans la redite. Sans jamais vraiment saisir les enjeux de la maladie mentale dont est victime son protagoniste, le scénario le réduit à un homme impulsif et violent. Sa condition de sociopathe se retrouve un peu balayée pour ne demeurer qu’un serial killer de fiction, des plus lambda. Le récit aurait pu chercher à développer les raisons pour lesquelles il agit de la sorte, surtout au bout de trois films. De simples flashbacks pour éclairer son background suffisaient, mais de tout cela, rien n’est proposé. Seuls les deux précédents films servent à définir un personnage, dont le cinéaste et son co-scénariste passent totalement à côté.
Au final, sa durée confortable se retourne un peu contre lui, puisqu’à part de l’ennui, le récit ne génère pas beaucoup plus de stimulation. Pendant 1 h 30, le gamin dit à tout le monde que Keith est un tueur, il réunit toutes les preuves, solides et concrètes, pourtant personne ne l’écoute. Au bout d’un moment, ça en devient fatigant et redondant. Même la séquence (attendue) du pétage de plomb, marque de fabrique de la série, est longue et chiante… Pourtant, l’entreprise n’était pas dénuée d’un certain potentiel, mais il ne reste de ce troisième volet qu’un acte raté. Heureusement, ce fut là le dernier film d’une trilogie peu cohérente comme un ensemble, allant de plus en se dégradant…
Mais Hollywood ne serait pas Hollywood sans son lot de surprises et vingt-sept ans plus tard, un remake de « The Stepfather » était produit. Parce que quand y’en a plus et bien y’en a encore !!
-Stork._