Changement total de registre pour le réalisateur gallois Gareth Evans qui, après les deux bombes d'action sanglantes The Raid et Berandal, livre un film fantastique lovecraftien déroutant situé dans une île coupée du monde au début du XXe siècle. Un long-métrage original mais sacrément bien inspiré qui donne l'n des rares films Netflix à proposer une qualité hors du commun, aussi bien visuellement que scénaristiquement.
Nous embarquons aux côtés de Thomas Richardson, un énigmatique et opiomane paumé (l'étoile montante bien trop sous-exploitée Dan Stevens), parti retrouver sa sœur kidnappée et envoyée sur une île dirigée par un groupuscule sectaire mené par le prophétique Malcolm Howe (Martin Sheen, ici dirigé à la perfection). Enquêtant en essayant constamment de ne pas se faire démasquer ni succomber à ses propres démons, Thomas va pénétrer dans un monde bien trop sombre pour ses épaules tandis que les habitants de l'île s'adonnent à des querelles internes de plus en plus violentes.
Original, rafraichissant, maîtrisé de bout en bout et esthétiquement magnifique, Apostle est une réussite totale, généreuse dans ses effets gore (avec une séquence de rituel "purificateur" à faire tourner de l'œil), écrit avec minutie et interprété par une galerie d'acteurs britanniques irréprochables, notamment le génial Mark Lewis Jones. Gareth Evans continue de proposer un cinéma brutal, radical et sans concession, dominant son film à la perfection tout en soumettant un film d'horreur alternatif, loin devant les produits formatés habituels. Un film impressionnant et un réalisateur qu'il faut continuer de suivre et soutenir.