Trois hommes, trois colts, et deux cent-mille dollars
Quelque par dans le désert, à l'Ouest, le cri du chacal est la seule musique qu'on entende. Puis c'est le silence.
Pan! Pan! Pan! Trois coups de colts retentissent. Tuco, fuyant, vient de descendre deux gringos, le troisième n'est que blessé au bras droit.
Et puis c'est au tour de Sentenza de répandre son malheur, lorsqu'il apprend l'existence d'un trésor enfoui quelque part...mais où?
Enfin apparaît l'Homme sans nom, dit Blondin, abattant de quatre cartouches quatre chasseurs de primes et commençant la plus formidable association que le cinéma ait jamais vu naître, ce lien qui l'unira à Tuco, pour le meilleur, pour le pire, mais surtout pour l'argent.
Blondin, Sentenza, Tuco. Clint, Lee et Eli. Un trio comme on en voit pas deux. Le bon, la brute et le truand. Des acteurs déjà parfaits magnifiés par leurs personnages. Des personnages attachants, mystérieux, sans attache, sans foi, capables de tout.
"Quand on tire, on raconte pas sa vie!"
S'ensuit un formidable enchaînement de péripéties : pendaisons ou les pendus prennent la fuite, traversées contrariées du désert, repos dans un monastère, l'armée, la prison, la guerre de Sécession, la torture, des fusillades, de la dynamite, une évasion, un cimetière, et la fin la plus jouissive, la plus géniale, la plus extasiante qu'il m'ait été donné de voir.
Et puis on rencontre toute une ribambelle de personnages, des vrais, avec une vraie personnalité, une histoire, et que sais-je encore. Un gros sergent, un vieil armurier, un capitaine buveur, un général malade, un soldat qui se meurt, un frère religieux...
Et nous, misérables spectateurs, on est plongé dans cette ambiance à l'italienne, qu'on le veuille ou non. Les boulets pleuvent autour de nous. On respire l'odeur de la poussière. On a soif sous le soleil du désert. On s'étouffe avec cette corde qui nous passe autour du cou. On s'abrite lors des explosions. On tue et on souffre.
"C'est une très jolie somme, deux cent-mille dollars. Il faut les gagner."
Chaque seconde, chaque plan, chaque son, semble être calculé et apporte son grain de sel à cette épopée, c'est une jouissance de tous les moments. Pas étonnant qu'après ça, quand on nous dit "western", ce n'est plus le nom de John Ford qui nous vient en premier.
Sur ce, je vous laisse, parce que mon film préféré commence dans quelques minutes.