Sergio Leone clôt donc ici sa trilogie du Dollar avec probablement le plus célèbre et le plus adulé des westerns. Et si je ne lui préférais pas ...Et pour quelques dollars de plus, ben il serait également mon préféré ; ou pas loin...
D'ailleurs, on ne change pas une équipe qui gagne, même si le réalisateur s'est peut-être senti un peu obligé de remplacer un vertigineux Gian Maria Volonté - dont le personnage mourut précédemment même si les deux films n'ont pas de lien narratif - par un facétieux Eli Wallach. L'acteur incarne le fameux Truand "Tuco" que nous croiserons le premier au cours de premières scènes peu bavardes et introduites par l'un des morceaux les plus cultes d'Ennio Morricone (ça devient lassant de toujours encenser ce gars^^).
Pendant ce temps, quelque part ailleurs, La Brute "Sentenza" (Lee Van Cleef), la bouche pleine et l'oeil fixé sur son hôte d'infortune, ne jouera pas les enfants de choeur. Un contrat c'est un contrat. Et un roublard c'est un roublard...
Le Bon, aka "Blondin" (Clint Eastwood), subira quant à lui - et bien assez tôt - la langue trop pendue de Tuco l'aboyeur. Un aboyeur aux injures puériles et au casier long comme le bras que le chasseur de primes remettra aux autorités compétentes après lui avoir sauvé la mise. Quoique Le Bon, c'est vite dit... Blondin donc, c'est comme ça qu'on appellera ce grand mec futé au brushing impeccable, et au moins aussi vénal que son nouvel associé qu'il s'amusera à libérer par un procédé aussi culte que ne tenant qu'à un fil...
Tuco ne cessera d'abord de jouer au plus malin avec ses fameuses répliques commençant par : "Le Monde se divise en deux catégories...", mais croyez-moi, si vous n'avez pas encore vu le film-dépêchez-vous, celle-là il ne l'emportera pas au paradis...
Par contre, l'une des deux faiblesses que j'aurais à reprocher à cet opus commence avec la scène des trois indiens et du canon : il a trop la moule le Blondin ! Surtout qu'au cours de la mythique scène du désert, sommet dramaturgique et humoristique (le parasol rose), le gars se verra une fois de plus sauvé in-extremis... Même si pour le coup, cette chance servira magistralement un scénario définitivement lancé. Un scénario qui deviendra jouissif grâce au personnage charognard (dans la caravane), hypocrite (mon ami !) et pathétique (rapports familiaux) de Tuco, obligé de s'associer de nouveau à Blondin. Ce dernier lâchant, le visage tuméfié, un cinglant : "Je vais pouvoir dormir tranquille, parce que je sais maintenant que mon pire ennemi veille sur moi."
Mais il fait quoi pendant ce temps, Sentenza ? Bah il s'occupe comme sergent des troupes sudistes, parfois poussiéreuses, à la recherche d'un dénommé "Carson", loin d'être inconnu de nos deux loustics précités... Charitable avec son prochain affamé, Sentenza s'avère également être un mélomane avisé n'hésitant pas à couvrir ses petits tracas d'une musique s'adaptant à leur intensité. La musique adoucit les moeurs, comme on dit. Et les alliances, à l'instar de l'épisode précédent, continueront immanquablement de se faire et se défaire...
Ah, j'oubliais, pour en revenir aux deux faiblesses, la seconde reste selon moi l'épisode au front de La Guerre de Sécession, pas inintéressant et relativement spectaculaire mais faisant largement tomber le rythme avant que le dantesque final que nous attendons tous n'arrive. Ce final où cavalera presque au ralenti un fou ayant déjà perdu la tête comme un gosse avide d'ouvrir ses cadeaux posés au pied d'un sapin perdu au milieu d'une immense forêt. Mais plus qu'une forêt, c'est une sorte de gigantesque arène circulaire, où les gradins se verraient occupés par des milliers de morts, qui le fait s'époumoner ; tandis que bientôt se défieront comme jamais les regards intenses et révélateurs de la personnalité de nos trois gladiateurs du XIXème siècle. Une musique clin d'oeil au volet précédent terminera de porter la tension comme l'émotion à leur zénith, et une tombe déjà creusée n'aura plus qu'à précéder une boucle parfaitement bouclée...
Du haut de ses presque 3 heures, Le Bon, la Brute et le Truand semble donc avoir tout du plus grand des westerns de tous les temps. Mais pas du meilleur selon moi ; puisque quelques longueurs aux 2/3, une bande originale excellente mais pas aussi géniale, et un humour reposant peut-être un peu trop sur le personnage de Tuco, font que je lui préfère - vous allez commencer par le savoir^^ - assez clairement son prédécesseur...
Et si t'es pas content, c'est pareil : j'ai le pistolet chargé, toi, tu likes...