Le bon plaisir est un film totalement oublié aujourd'hui, mais à sa sortie, il est passé à la limite d'un conte, d'une chose impossible à croire pour le grand public, qui ne savait pas la vérité.
Car c'est l'histoire d'un président de la République qui doit cacher un enfant adultérin, fruit d'une liaison avec sa maitresse... c'est totalement imaginaire et loufoque, non ?
Sauf que bien entendu, maligne comme elle fut, la coscénariste Françoise Giroud connaissait très bien François Mitterrand, ainsi que l'existence de sa fille cachée, Mazarine, et elle en jouera en publiant d'abord un roman du même nom aux éditions ... Mazarine (!), et se défendra bien de faire un lien avec une quelconque réalité, voir le titre de ma critique.
C'est donc un film qui a alors dix ans d'avance sur ce que nous allons découvrir dans la réalité : l'enfant caché (ici, un fils), un conseiller qui essaie de cacher la vérité (Michel Serrault), la maitresse du président (Catherine Deneuve), l'épouse bafouée (Alexandra Stewart), et deux hommes qui essaient de découvrir la vérité à partir d'un sac volée contenant une lettre du président à une femme autre que la sienne...
Je pense qu'aujourd'hui, en connaissant toute la vérité sur cette histoire, Le bon plaisir s'apprécie encore mieux, car il est prophétique, bien que jouant parfois sur les mots. Ainsi, Jean-Louis Trintignant, qui a d'ailleurs la tête de François Mitterrand, se déplace avec une canne à la suite d'une maladie infantile qui lui a donné une jambe plus courte que l'autre. Ou alors Michel Serrault qui admoneste son président en privé, en le tutoyant. Et Catherine Deneuve qui garde sa dignité dans tout ça, et qui a envoyé son fils en Amérique afin de la protéger. Sans oublier la pauvre Alexandra Stewart, personnage sacrifié, qui va se mettre à péter les plombs une fois qu'elle connait la vérité ; elle reste avec son président de mari pour faire bonne figure, mais une fois le mandat terminé, elle le quittera.
Je suis plus sceptique sur l'enquête avec les deux types, Michel Auclair et un jeune Hippolyte Girardot, mais qui montre là aussi que s'approcher de la vérité peut être très dangereux, ainsi que sur la réalisation qui fait plus téléfilm pour Antenne 2 plutôt que lui donner une quelconque ampleur. Même si on peut saluer que quelques scènes furent tournées à l'Élysée.
Au final, c'est plus le sujet que le film qui m'a intéressé, et méfions-nous des coïncidences...