Il était une fois un kolkhoze de la région de la Volga. Assia, belle mais boiteuse - nulle n'est parfaite - a deux amoureux. Elle aime un camionneur qui l'a mise enceinte et la maltraite : "Une bancroche ! Qui voudrait de toi ?" Ce Narcisse adore se peigner et lire des revues de cinéma. L'autre soupirant lui offre le mariage, la perspective d'un appartement, de belles chaussures... En vain...
La moisson mobilise tout le monde, sauf certains enfants ivres de liberté. Des tirs de chars indiquent la proximité d'un terrain de manœuvres militaires.
Quand Assia accouche de nuit, à l'écart de tout, le père panique. Mais il n'est pas dénué de sentiments humains. "Le bonheur d'Assia" se forge à l'écart des slogans politiques et du conformisme social.
J'aime les confidences, coupant le récit, qui ouvre des espaces de liberté entre les êtres. La confiance entre conteur et auditeur créé des moments de grâce.
Un barbu raconte son emprisonnement arbitraire pendant la guerre. Libéré en 1953 (mort de Staline), il retrouve sa femme. Tous deux, frappés d'une même stupeur, se figent dans un silence lourd de souffrances.
Pendant la guerre, un autre homme aime une femme. Tous deux sont blessés et séparés. Après la guerre, il la retrouve, n'en revient toujours pas de sa chance.
Malgré des concessions à la propagande (programme radio pompeux, commentaires de journaux contre la guerre du Vietnam, soldats secouristes...) le film est interdit à l'exportation de 1967 à 1987. Ce conte réaliste mais nuancé en disait trop sur la réalité d'un kolkhoze ordinaire et sur l'histoire soviétique depuis la "grande guerre patriotique"...