Le bonheur juif est une comédie très cynique et très intéressante sur la place des juifs dans la Russie tsariste. Elle porte avec humour et théâtralité des sujets importants tels que la question des nationalités, le traitement des minorités ou encore certaines problématiques commerciales dans un pays qui tentait tant bien que mal de "rattraper l'occident", selon le mot des historiens locaux. On y suis un quotidien plus théâtralisé que caricaturé, bien qu'y soit intégré des figures un tantinet burlesque, et on constate comment la communauté juive, alors passablement discriminée, devait mettre en place des stratégies de contournement des restrictions (ici en inventant des métiers) imposées par le pouvoir central. C'est aussi un film qui offre une belle peintures des moeurs, des traditions, et dont se dégage une énergie, une gaité à la fois paradoxale et réconfortante.
Par ailleurs, le film nous offre toute une série de plans très jolis, notamment de gros plans qui donnent à voir des "gueules", quoique qu'il soit sorti en 1925 au même titre que La grève d'Eisenstein, qui est autrement plus abouti sur le plan technique et esthétique (c'est peut être d'ailleurs ce qui me retient de mettre une note plus élevée).
En tout cas, c'est un film avec un certain cachet et je suis heureuse de sa restauration récente qui nous permet de profiter d'un cinéma différent, à la fois plus simple et tout aussi appréciable. Une belle découverte, en dépit de la note moyenne que je lui accorde.
PS : Film dispo sur Arte.tv jusqu'au 27/02/2023