A en juger par la qualité du film, je ne comprends pas pourquoi le public français a dû attendre 58 ans pour découvrir River's edge. Jusqu'alors, il était totalement inédit dans le pays, et il aura fallu attendre le dvd sorti chez Sidonis pour pallier à ce manque.
Disons que le film est un carrefour parfait entre le film d'aventures, le western, et le polar. Un homme, revenu de tout, fonce vers le sud des Etats-Unis, avec une valise remplie de billets, à la recherche de son ancienne épouse. Cette dernière vit dans une ferme, elle aussi retirée de tout, avec un homme bougon qui se plait dans cette vie monotone, à s'occuper de ses bêtes. Lassée de cette vie, elle choisit de partir quand quelqu'un, celui avec qui elle a vécu auparavant, lui propose de fuir en direction du Mexique avec plein d'argent à la clef...
Du haut de ses centaines de films réalisés, on peut dire qu'Allan Dwan maitrise son affaire, avec une superbe maitrise du Cinemascope, et un trio d'acteurs formidables ; Ray Milland, Anthony Quinn et l'incandescente Debra Paget, qu'on avait vue dans La flèche brisée, et qui a tourné pas mal de Westerns, avant d'arrêter sa carrière très jeune, à 32 ans.
Les contrées désertiques et sauvages font bien entendu penser au Western, et le côté aventures est vraiment excitant, car se résumant surtout au trio principal, avec chacun des hommes qui attend le faux pas de l'autre pour prendre l'avantage et repartir avec la belle.
La durée du film, 83 minutes, est aussi une de ses grande qualités, car là aussi, on voit le talent de Dwan, tout comme Budd Boetticher, à décrire très rapidement ses personnages ; en quelques minutes, on sait qui ils sont, où leur vie les mène, c'est un modèle de sobriété.
Du même réalisateur, j'avais beaucoup aimé Quatre étranges cavaliers et Deux rouquines dans la bagarre, eux aussi très concis, et River's edge est du même tonneau.
Je retiendrais surtout cette image forte où Anthony Quinn, ne trouvant pas de bois pour faire un feu, décide de faire brûler des billets destinés à leur fuite...