Grand connaisseur des plus récents bossus (Marais, Piat, Auteuil, Wolkovitch), je n'avais jamais vu cette version, oeuvre d'un réalisateur souvent oublié, Jean Delannoy pourtant auteur de quelques chefs d'oeuvres (le "Notre-Dame de Paris" qui reste le plus marquant pour moi, avec Anthony Queen, Gina Lollobridgida, Alain Cuny, Robert Hirsch et Jean-Louis Barrault, ou bien les deux meilleurs Maigret, avec Jean Gabin, excusez du peu !).
D'autres fées ce sont posées sur le berceau de ce film, René Renoux aux décors (et c'est tout dire) et Jean Rieul pour le son (deux des habituels chefs techniciens du maître Guitry que l'on retrouve au générique de ses meilleurs films). L'histoire reste la même bien sûr, même s'il faut reconnaître que cette version, tout comme celle télévisée avec Jean Piat, est parmi les plus fidèles au roman de Paul Féval. Notons juste que Lagardère apparaît comme ayant déjà un passif avec Gonzague au début du film, et sous les traits d'un militaire. Autre invention du scénario, la fausse fille de Nevers est récupérée dans les bas fonds de la Sâlpétrière. Enfin, changement et pas des moindres, elle s'appelle Claire et pas Aurore. Mais sinon, le reste y est. Même si le casting n'est pas très connu à nos yeux d'hommes du XXIème siècle (à l'exception d'Edmond Beauchamp (César dans l'original "Belle et Sébastien"), Roger Caccia (pianiste et ami de Louis de Funès) et Yvonne Gaudeau) et encore, le film tient le spectateur en attention. Seul le passage amérindien dansé, pour évoquer les fêtes de la Régence, s'intègre mal dans ce bon film respectant les règles du film de caps et d'épées. On l'apprécie d'autant plus que l'on devine que le film a été tourné dans les conditions de l'Occupation, et l'ensemble, pourtant, ne prête pas à se moquer.