Pour que l'année commence sur de beaux fondements
De Broca, qui nous avait offert quelques très bons films d'aventures avec un Belmondo sautillant et faisant le fier, se lance (après quelques échecs qui font tache dans une filmographie) dans une énième adaptation d'un des plus grands classiques du roman de cape et d'épée, le fameusissime Bossu, de Paul Féval. Et si le résultat n'est pas exempt de défauts, il constitue quand même un très bon spectacle. Il n'y a plus l'humour que l'on a tant apprécié dans d'autres réalisations du bonhomme, mais l'ensemble se laisse voir avec plaisir (surtout les fesses de Marie Gillain).
Le problème, c'est qu'on est encore dans cette décennie 90's, où on a vu s'enchaîner les productions "qualité française", c'est-à-dire une série d'adaptations littéraires de classiques, avec Germinal (de Berri), Cyrano (de Rappeneau) ou Madame Bovary (de Chabrol) (série qui se poursuivra à la télévision, avec Josée Dayan à la réalisation et Depardieu dans tous les rôles). Et ce film s'inscrit dans la lignée : insistance sur la reconstitution et casting prestigieux. En effet, aux côtés de Daniel Auteuil (que l'on avait déjà trop vu à l'époque, et qui ne se foule pas la rate dans ce film, faisant un peu le service minimum ; en plus, il paraît plus vieux dans la première partie que dans la seconde, censée se dérouler 16 ans plus tard), on trouve un Fabrice Lucchini idéalement mielleux dans le rôle du traître, un Vincent Perez plutôt convaincant et un Philippe Noiret qui constitue un des attraits principaux du film, jouant un Philippe d'Orléans qui, à lui seul, vous donne l'envie de devenir révolutionnaire. On a aussi l'immense jean-François Stevenin, qui cachetonne un peu quand même, et James Thierrée (le petit-fils de Chaplin). Et les fesses de Marie Gillain.
La reconstitution historique est très soignée, jusque dans les détails, permettant d'instaurer une ambiance vraiment sympa, un cadre dans lequel va se dérouler l'histoire. Le travail sur les scènes de combat est très poussé également. Et puis, il y a quelques scènes vraiment bien foutues, comme le mariage de Nevers qui tourne au massacre. Et les fesses de Marie Gillain.
En fait, l'avantage de ce film par rapport aux autres productions du genre, c'est sa réalisation. A l'opposé des lourdeurs que l'on voyait alors, De Broca fait un récit rapide et efficace, qui ne retrouve pas totalement la légèreté de L'Homme de Rio ou du Magnifique, mais qui coule tout seul et sans effort. L'ensemble est un bon divertissement (et c'est déjà beaucoup), qui efface l'affront de la stupidité du film de Hunebelle.
Et je vous ai parlé des fesses de Marie Gillain ?