Aïe, aïe, aïe,… L’Espagne s’est essayé, dans les années 1960 et 1970, au cinéma d’exploitation. Du western, du fantastique, de l’horreur avec, bien évidemment, en tête de proue Jess Franco qui a abouti à quelques réussites mais a surtout accouché de productions aux qualités très limitées. Comment ne pas dire autre chose de ce Bossu de la morgue porté par un Paul Naschi qui a fait les grands jours du cinéma d’épouvante du cinéma hispanique et réalisé par Javier Aguirre qui a rarement atteint sa cible derrière la caméra ? S’appuyant sur des sujets proches de Frankenstein ou Le Récupérateur de cadavres, Le Bossu de la morgue soigne bien quelques-uns de ses décors, s’échine à faire mouche par son ambiance, mais le scénario et les dialogues sont tellement ridicules que le résultat se vautre dans le gros nanar qui s’ignore.


Involontairement drôle (il faut entendre l’infirmière dire au personnage principal que s’il était arrivé à peine deux minutes plus tôt, il aurait eu la chance de voir une dernière fois celle qu’il aime car celle-ci vient justement de mourir), porté par un enchaînement de situations qui n’ont ni queue ni tête (le gentil bossu qui ne peut s’empêcher de croire que son maître de médecin va lui refaire une amoureuse des pieds à la tête, avant de se révolter, puis de tuer d’autres personnes, avant de se rerévolter, etc.), le film avance toujours tête baissée dans la bêtise. Là-dessus, après une première histoire d’amour brisée, on met dans les pattes de notre bon bossu une belle infirmière qui s’abandonne à lui (quel tombeur ce bossu !) mais qui ne parvient pas à lui faire oublier celle qu’il aime. La police, incarnée par deux messieurs en costume, pose des questions mais n’enquête jamais. Le repère du médecin et du bossu est situé vingt mètres sous terre (ah oui quand même…). On y trouve deux entrées dont l’une qui se situe derrière le toit de l’hôpital (mais il n’est pas vingt mètres sous terre le repère ?). Et tout à l’avenant.


Avec sa musique horripilante, son absence totale de second degré, son rythme languissant, sa vision misérabiliste du bossu et sa naïveté confondante, l’ensemble dégage une véritable sincérité, ce qui est souvent le pire dans ce type de productions. Avec quelques plans bien gore (ah ces cadavres qui dégoulinent dès qu’on les découpe !), de grosses larmes pour faire pleurer dans les chaumières et ces amourettes ridicules, on a bien sous la main l’exemple même de ce qu’il ne faut pas faire. Même quand on aime le cinéma. Surtout, d’ailleurs, quand on aime le cinéma.


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le 18 janv. 2025

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