3ème Festival Sens Critique, 7/16
Après le Bunuel, un autre film hispanophone s’inscrivant dans le registre de l’humour noir.
Ici, la vision est bien plus pragmatique : celle de absorption de la mort par l’appareil social. Soit un croque mort qui épouserait la fille d’un bourreau et se verrait obligé de reprendre le flambeau du beau-père pour s’assurer de garder l’appartement que l’état lui octroie. Tout, dans cette comédie satirique, est ficelé avec malice : amour, sexualité, consommation, religion et mort sont inextricablement liés, et se doivent d’être considérés comme équivalents. Chaque métier, y compris celui du frère, tailleur pour l’armée et l’Eglise, est l’éclairage d’un des piliers du système.
C’est là l’intelligence et l’insolence du film, durant lequel on va donc faire sa demande en mariage au père avec le pantalon qui tombe pour avoir lutiné la fille, où l’on va exécuter un condamné pour pérenniser son confort de locataire…
A travers des scènes cocasses comme le témoignage du bourreau sur son métier, ou le mariage de seconde classe à l’église au cours duquel on plie le décor, Berangal se moque avec une férocité amusée de la société des trente glorieuses. Encore ancrée dans une tradition catholique puissante, elle s’initie progressivement au cynisme capitaliste, et le démontre par le biais d’un réquisitoire biaisé sur la peine de mort n’est pas la moindre des qualités du film.
Souvent drôle, il ne nous épargne cependant pas quelques lourdeurs, notamment dans son quart final où les hésitations et revirements du bourreau néophyte fatiguent un peu par leur aspect répétitif.
S’il perd un peu en efficacité sur la longueur, le film n’est est pas moins fortement recommandable, par sa causticité et sa galerie de personnages aussi attachants que traités au vitriol.