J'ai découvert le cinéaste José Garcia Berlanga il y un mois avec le film "Bienvenido mister Marschall". On y retrouve le même acteur José Isbert et suite à un travail à faire pour l'université je décide de regarder un second film du même auteur "El verdugo".
Mon enthousiasme pour l'humour noir n'était pas ardent, je n'en raffole pas et pour tout vous dire je suis plutôt comédie romantique à l'eau de rose de années 2000. Cependant, par la force des choses, j'ai dû me soumettre au film en noir et blanc des années 50/60 de l'un des plus grands cinéastes espagnols de l'époque.... Et si vous êtes comme moi pas du tout branché vieux films en noir et blanc et que vous vous dîtes si vous en êtes obligé: Oh grand désespoir faites que cela ne sois pas trop long et pourvu que ce soit le dernier film à étudier de l'époque franquiste(voici ma première pensée), et bien comme le dit si bien José Isbert "moi aussi j'ai dit ça la première fois" mais finalement on y prend goût!
Ce cher José Louis Rodriguez, croque-mort de métier mais ne rêve que d'une chose, partir en Allemagne pour apprendre à devenir un bon mécanicien, tombe amoureux de Carmen, fille du bourreau Don Amadeo. Ils se font surprendre dans l'intimité par ce dernier. De plus, Carmen tombe enceinte, contraints de se marier et de vivre ensemble avec le grand-père, il ne manque plus qu'un toit pour accueillir cette grande famille. José Louis Rodriguez est forcé par son beau-père à devenir lui même bourreau afin d'obtenir un logement normalement destiné à Don Amadeo cependant un couac administratif (nous pouvons voir ici une atemporalité de l'image des administrations publiques) lui en empêche et de là surgit l'idée de remplacer Don Amadeo, bientôt retraité par José Louis Louis au poste de bourreau ce qu'il accepte pensant qu'il n'aura jamais à réaliser cet acte si inhumain. Mais où se trouve le comique dans tout cela?
Finalement le nouveau bourreau ne veut en aucun cas exécuter qui que ce soit et lorsqu'il est appelé par la "guardia civil", le moment qui devrait être le plus dramatique du film se convertit en une scène comique où on ne sait plus très bien qui est le bourreau et qui est le condamné à mort!!
Le rôle de la femme, la xénophobie ambiante, la peine de mort, la religion corrompue, tout cela est traité dans le film avec subtilité et comme savait le faire si bien Berlanga, sous des aspects comiques il dénonce alors un régime et une société entière tout en passant à travers les filets de la censure franquiste de l'époque. La critique politique, économique et sociale du film met en relief les problèmes et enjeux historiques du régime franquiste, je recommande alors ce film aussi comme support pédagogique.
Finalement ce n'est plus un calvaire de regarder un film en noir et blanc espagnol bien au contraire! Merci Berlanga, il me tarde de voir "Placido" et "Tamaño natural" qui sont les autres chefs d’œuvres de ce grand cinéaste.
Une mention spéciale pour José Isbert qui joue son rôle de bourreau avec brio non pas pour sa cruauté mais au contraire pour son personnage antagoniste immoral et sympathique à la fois,dépravé et drôle, traitant avec légèreté le thème de la mort.