Moins intense psychologiquement, plus spectaculaire
Huit seigneurs de l'épée organisent un tournoi d'arts martiaux, en réalité un piège pour mettre les autres maîtres sabreurs à leur botte. Les circonstances forcent Fang Gang, le sabreur manchot, désormais devenu célèbre malgré sa retraite volontaire dans une ferme, à remettre le couvert.
La baston prime l'ambiance, à la différence du premier opus, axé sur un destin. Il y a 8 maîtres, donc, avec des talents fort différents : le maître des couteaux (une femme ravissante et trompeuse), le maître du poison (son épée lance des nuages toxiques), le maître de la terre (ses troupes s'enterrent et attaquent les gens par surprise), le maître du vol (ses hommes sautent très haut), le maître de la roue (shurikens géants, qui font aussi boucliers), tête de singe, Hercule et le roi furtif. Evidemment, il faudra trouver une astuce pour surpasser leurs techniques. Les combats sont bien, il y a plus de monde (Fang Gang attire à lui une armée de jeunes gens habillés en blanc, les méchants sont en noir. Facile à mémoriser). C'est plus intense au niveau de l'action, mais paradoxalement moins percutant au niveau visuel, vu que le spectateur cherche plutôt inconsciemment à évaluer le niveau de pertes des gentils.
Le personnage du sabreur manchot est désormais arrivé, et a presque tout ce dont peut rêver un homme : quelques arpents de terre, une femme aimante, une réputation de bon guerrier. L'intérêt du film est de montrer le dégoût du sabreur pour le combat, et c'est avec amertume qu'il voit les hommes qu'il a aidé tuer sauvagement le méchant. Il jète la médaille en or qu'ils lui ont offert et part avec sa femme. Classe, mais ça se comprend : il a appris qu'il allait être papa.
On pourrait chipoter sur la représentation de la femme. Hsiao Man est une épouse effacée, mais elle sait au fond se faire entendre, et Fang Gang ne fait rien sans la consulter. Un homme parfait, décidément.
Pour résumer, plus de moyen, moins de psychologie, mais cet opus reste honnête, car le sabreur reste fidèle à lui-même, et car on retrouve bon nombre d'éléments du roman chinois traditionnel ("Au bord de l'eau", notamment).