Si j'ai vu ce Brigand bien-aimé, c'est surtout parce que Fritz Lang en a réalisé la suite, Le Retour de Frank James… et vu que j'ai pour objectif de voir le plus possible (l'intégralité) du cinéaste autrichien/allemand/états-uniens, autant commencer par le début.
Bref, 3615 my life, quid du Brigand bien-aimé ? Pour commencer, petite précision, je ne suis pas fan de western à la base, je trouve ça même un peu chiant… mais le film dont il est question ici possède deux avantages. Premièrement, celui de durer moins de deux heures (du coup, au cas où on s'ennuierait, on s'ennuierait moins longtemps), ensuite celui de me présenter une figure relativement connue, celle de Jesse James.
Bon, pour la figure du relativement connu, j'ai très vite remarqué que ça allait aboutir nulle part. On nous présente la « légende » Jesse James, un homme victime de la spoliation des terres familiales par la Compagnie des Chemins de Fer du coin (probablement l'Union ou la Central Pacific, je ne crois pas le film mentionne quelle compagnie est à l'œuvre… en tout cas, pas de chance pour Jesse, dans les deux cas, les rails passent pile devant chez lui[1]), ce qui l'oblige avec son frère à prendre les armes afin de crier vengeance. Vous l'aurez compris, niveau crédibilité historique, c'est mort, on est à mille lieues du portrait de l'homme ayant participé au massacre de Lawrence. La légende a remplacé le personnage, la fiction l'a remportée sur la réalité, bref, le mensonge a gagné… mais est-ce vraiment surprenant au pays de l'american dream ?
Le film se raccroche tout de même à quelques branches, certaines scènes faisant écho à des événements qui se sont produits : la spoliation des terres par les Compagnies des Chemins de Fer, comme déjà dit plus haut (chose qui ne serait pas arrivé dans un vrai pays socialiste) ; le fait qu'une bombe a été lancée dans leur demeure alors qu'il n'était pas là (sauf qu'ici, c'est leur mère qui meurt et non leur petit frère, Archie, absent du film) ; le fait que Jesse James se soit fait tuer d'une balle dans le dos pendant qu'il était en train de nettoyer un tableau. Ce n'est pas ça qui sauvera le scénario du film, mais je prends quand même.
Ok, le film n'est pas crédible historiquement parlant. Mais est-ce qu'il est bien au moins ? Alors, je me suis un peu fait chier (rappel : je n'aime pas les westerns), mais j'ai trouvé que ça se tenait très bien dans l'ensemble, surtout pour un western sorti en 1939 (la même année que La Chevauchée fantastique donc, le premier western à avoir été considéré comme un classique, j'ai l'impression). En fait, je trouve que le film a très bien vieilli, qu'il ne ressemble pas du tout à un long-métrage de 1939. Cela vient du fait que j'ai eu droit à une version remastérisée, quasiment irréprochable, devant les yeux, certes, mais aussi au fait que le film dont il est question aujourd'hui fut l'un des premiers (blockbuster ?) à avoir été tourné en technicolor… forcément, ça diffère un peu face aux nombreux films sortis en noir et blanc de la même période.
Surtout qu'au niveau de la réalisation, ça ne se contente pas de bêtement tout nous montrer plan par plan. Ça ne réinvente pas la poudre, effectivement, mais on a droit à quelques plans audacieux, quelques cascades, comme lorsque les deux frangins franchissent la vitrine d'une boutique à dos de chevaux, ou, toujours encore avec les chevaux, lorsqu'ils sautent d'une falaise pour atterrir dans un fleuve… inutile de vous dire que les organisations de défense des animaux n'ont pas trop apprécié le film : ce dernier ayant été pointé du doigt par l'American Humane puis, par la Humane Society of the United States quelques années plus tard.
On sent qu'il y a eu du budget et que ce n'étaient pas des tâcherons derrière le projet. Les explosions et les cascades susmentionnées ne font pas tiep', idem pour les décors, crédibles eux aussi, sans parler des nombreux figurants qui contribuent à apporter de la crédibilité au film.
Bref, Le Brigand bien-aimé est un western américain, assurément manichéen, mais sans conteste en avance sur son temps en termes de mise en scène : un film divertissant quoi. Reste à savoir si vous êtes prêt à outrepasser les (nombreuses) failles du scénario… et si contrairement à moi, vous aimez les westerns. Pour le coup, ce n'est pas Le Brigand bien-aimé qui me réconciliera avec le genre.
[1]Oui, j'ai vérifié sur les cartes. C'est de l'information de qualité que vous avez là !
James Cameron, James Bond, James et la Pêche géante, James Brown, James Dean, James Blunt… voilà, on peut dire que j'ai six James.