Le poids des mots
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le 12 sept. 2017
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Il y a près de 3000 ans naissait le théâtre, cette exercice dramaturgie ou un homme parle à une foule, déclamant diatribes, réflexions et émotions. Notre cher cinéma ne peut se vanter que d'un peu plus de 200 ans d'existence et il a rejoint au panthéon des arts son illustre frère aîné. Leur point commun? Les mots. Le pouvoir des mots, la portée de la parole. Yvan Attal mélange subitement la scène et l'écran pour nous offrir un joli moment d'éloquence.
Daniel Auteil raciste? Camelia Jordana banlieusarde? En fait on s'en moque. Au risque de me répéter seul le poids des mots incombe dans ce film et Attal préfère ranger au placard un énième discours social pour se concentrer sur la beauté du langage, l'évolution labiale d'une jeune femme un peu paumée et d'un professeur réactionnaire et provocant. Les dialoguistes ont réussi un merveilleux travail d'écriture et on se délecte des discours de Naïla (Camélia Jordana) et des propos acides de Pierre Mazurin (Daniel Auteuil). Chacun se revoit la balle et leurs échanges verbales prennent de plus en plus d'ampleurs au fur et à mesure de l'intrigue, l'un apprenant de l'autre.
Des mots, des discours, des saillis. Une avalanche de lettres qui nuit sur le fond du film. Bien que l'oeuvre ne se veut pas militante, elle tente de décrypter le fossé banlieue/bourgeois mais elle n'effleure que la surface. Le film est un poil court et on passe sous silence de multiples interrogations: la mal-être de Daniel Auteuil, la relation amoureuse de Camélia Jordana, l'élitisme social des grandes universités... Lorsqu'un sujet sérieux est approché il est aussitôt soufflé par le prisme de l'oraison, sorte d'excuse à tous les maux.
Un bon film, un agréable moment. Des comédiens qui jouent du théâtre sur grand écran, qui articulent, récitent les plus beaux textes de la littérature pour atteindre un sommet d'élégance rhétorique. La fin constitue l'apogée de la parole et j'invite tous les amoureux de la particule à aller voir Le brio.
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Créée
le 24 nov. 2017
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