Le Cabinet du docteur Caligari par B-Lyndon
Angles. Cercles. Spirales. Lignes obliques, perspective désordonnée et chaotique. Mise en scène statique, contrastant avec l'apparente chute figée des décors. A la craie, des lignes et des motifs couvrent le sol, courent sur le plafond, oppressent les personnages habillés et maquillés de noir. Figures géométriques, polygones irréguliers, murs construits comme des trapèzes, dépourvu de symétrie, d'un sens donné à l'espace : cubisme et surréalisme dialoguent et s'épousent dans un décor splendide et vertigineux, l'un des plus beau que le cinéma expressionniste allemand ait offert.
Hélas, et c'est dommage, ce Cabinet est loin d'être un chef-d'œuvre, voire même d'être un simple bon film. Si les décors sont sublimes, l'histoire, sa trame, le propos, paraissent vieillis, très schématiques, peu aboutis aujourd'hui : le film parait même, à des instants, tout à fait ridicule.
Ainsi demeure cet étrange et perturbant film : peu accompli narrativement, assez ennuyeux, mais fascinant de par sa maitrise technique et esthétique. En somme, un film important de l'expressionisme allemand, mais peinant franchement à atteindre l'intemporalité connu de ses petits et grands frères - je pense, entre autres, au Metropolis de Lang, sortit 8 années plus tard - qu'on lui a pourtant attribué.