Le cinéma de Nanni Moretti est une source d’inventivité permanente. Ce Caïman, un peu sous-coté par la critique, ne fait pas exception. Un cinéaste dépassé et pas franchement génial se voit proposer le film de sa vie pendant que son couple s’effondre. Avec sa sensibilité particulière, Moretti laisse le récit se dérouler en toute liberté, sa caméra toujours aussi prodigieuse de fluidité et de pertinence se contentant de filmer… définition même du cinéma, n’est-ce pas ? À part ça, ce n’est surtout pas un film sur Berlusconi comme quelques sourdingues aveugles ont pu le penser, c’est un film sur la famille, le couple, la société, l’Italie de la fin du XXe siècle et du début du XXIe… C’est un film sur la vie comme tous les films de cet auteur passionnant qu’est Moretti. Pour finir, reconnaissons que ce n’est certes pas son meilleur, qu’il y manque cette dose de souffle que l’on trouve dans le récent Habemus papam par exemple ou cette touche de finesse de La Chambre du fils… Mais tel quel, c’est cependant un bien beau film.