Il faut peu de chose pour que d’un tas de cendres jaillisse une petite flamme qui ravivera le feu que l’on croyait éteint. Que ce brasier devienne à nouveau vivifiant, chaleureux et rassurant. Cette métaphore aurait pu illustrer les trois grandes thématiques du film de Moretti : le cinéma, la vie et la situation politique de l’Italie d’aujourd’hui.
Sa petite flamme c’est la foi en un avenir meilleur, même si le présent semble définitivement et inéluctablement le condamner. Le film démarre sur une apologie de la période pré-Berlusconi. Bruno Bonomo est un producteur en faillite, aussi bien personnelle que professionnelle. Il n’est plus qu’une ombre engoncée dans un passé glorieux où son couple, sa profession et le pays étaient au zénith. La construction du film découlera de là. Avec un ton est vindicatif et très politique, il va égratigner toute la société, quelque soit son niveau, seule responsable du marasme présent.
Mais bien que très proche sur le fond du cinéma Italien militant des années 70, Moretti nous donne un petit plus par une profondeur émotionnelle sensible. Mais il ne joue pas sur le tableau de l’angélisme non plus, et la fin telle qu’il l’a retenue nous fait froid dans le dos.
Un scénario très achevé illuminé par une mise en scène sobre et efficace. Ajoutons à cette excellence l’interprétation magistrale de Silvio Orlando digne d’un Nino Manfredi. Après Romanzo Criminale et avec Le Caïman, le cinéma Italien, tel le Phénix, reviendrait-il au niveau qui jadis l’a imposé internationalement ?