Le Caire confidentiel par Stanleywhite

Quelle belle surprise que ce « Le Caire Confidentiel » dont l’action prend place dans des décors inédits, ceux d’une capitale égyptienne underground, entre buildings et misère sociale, loin du faste touristique des Pyramides. Tarik Saleh nous propose un vrai thriller paranoiaque, mâtiné d’une charge cinglante à la Costa Gavras contre cette corruption à tous les étages gangrénant le pays. On y suit un flic monolithique et veuf à la dérive, alcoolique, drogué, fréquentant des prostituées et lui-même corrompu ( sorte de version arabe de Harvey Keitel dans « Bad Lieutenant ») qui enquête sur l’assassinat d’une jeune chanteuse, impliquant des personnalités très haut-placées.
Une des réussites du film est de se dérouler dans un contexte politique contemporain ( 2011) de fin de règne de Moubarak, quelques temps avant les événements de la place Tahrir: l’atmosphère y est constamment étouffante et oppressante, avec ce pouvoir militaire et sa police politique très « Big Brother » contrôlant tous les faits et gestes et étouffant toute velléité de justice ou de vérité.
Le film très sombre et au dénouement irrémédiablement tragique se termine par cette vision de la place littéralement envahie par le peuple et d’où semble naître un espoir de renouveau…contrarié depuis.