Alors connu pour avoir travaillé sur les scripts de Silent Running et Magnum Force, Michael Cimino passait à la mise en scène en 1974 par le biais de Thunderbolt and Lighfoot, scénario rédigé par ses soins et qu'accepta de produire un Clint Eastwood en tête d'affiche et ayant même songé pendant un temps à le diriger lui-même, avant de donner sa chance au futur réalisateur de The Deer Hunter.
S'inscrivant dans le genre fort populaire du film de casse, Thunderbolt and Lightfoot prend cependant ses distances avec les codes inhérents à ce type de production, repoussant les hostilités jusqu'à la dernière bobine, afin de privilégier la dynamique de ses personnages et d'apposer une ambiance mélancolique, presque méditative.
Tourné dans de sublimes décors naturels, le premier essai de Michael Cimino s'apparente davantage à un road-movie qu'à un film d'action conventionnel, jouant avec l'image de gros dur collant à la peau de sa star pour mieux livrer une touchante histoire d'amitié entre deux hommes que tout semblait opposer. Entouré de solides seconds couteaux tels que George Kennedy et Geoffrey Lewis, le duo Clint Eastwood / Jeff Bridges fonctionne à merveille, le charisme rugueux du premier s'accordant parfaitement avec la fougue du second.
Citant aussi bien John Ford que Sam Peckinpah, Michael Cimino laissait déjà entrevoir un immense talent de conteur et de metteur en scène avec cette première oeuvre crépusculaire et désenchantée, portée par la très jolie chanson de Paul Williams.