Comment peut-on affubler d'un titre français aussi stupide ce beau petit film du grand Cimino !
Non, ce n'est surtout pas ce qu'il pourrait suggérer : à savoir une de ces grosses daubes version Bronson ou Norris qui encombraient le cinéma américain des années 80.
Il s'agit plutôt d'une longue embardée dans l'Amérique des bas-côtés où l'on suit deux personnages assez attachants que le hasard va faire rencontrer.
Soit "Thunderbolt", alias Clint Eastwood, gangster poursuivit par ses acolytes, brutes épaisses au comique involontaire voulant récupérer un gros magot planqué dans une école, fait la connaissance d'un certain "Lightfoot", alias le jeune fougueux Jeff Bridges qui le tire d'affaire in extremis.
Le film a les caractéristiques d'une bonne série B mais la mise en scène sèche et élégante de Michael Cimino en fait une oeuvre forte et désenchantée sur la civilisation américaine :
D'un coté la violence primaire incarnée par l'acteur ici à contre-emploi George Kennedy, de l'autre par l'ivresse naïve d'une certaine jeunesse représentée par le talent de Jeff Bridges.
Au milieu, la solide carcasse de Eastwood, arbitre désabusé d'un match tragi-comique sans issue.
Le cinéaste, à l'époque du "Nouvel Hollywood", admirait surtout son aîné John Ford et déclarait que ce qui comptait avant tout était sa passion pour les comédiens qu'il faisait travailler.
Cela se sent de manière évidente dans ce magnifique film.