Derrière les apparences trompeuses du "buddy movie" (matiné de film de hold-up avec des éléments comiques), Michael Cimino* réalise avec ce "Canardeur" un premier film ambitieux, exaltant l'amitié et l'individualisme, mais surtout les perdants et les déclassés.
Une vraie beauté tranquille se dégage de la description de cette Amérique de marginaux un peu paumés, Cimino se plaçant clairement à la fin d'une généalogie de cinéastes américains, après Ford et Peckinpah, même si on distingue aussi dans le film une posture maniériste bien plus moderne (le ton grotesque et iconoclaste de certaines scènes, comme le déguisement de Clint Eastwood en pasteur et de Jeff Bridges en femme, explicitant clairement l'homosexualité latente de ce dernier)...
Le débutant Bridges vole d'ailleurs littéralement la vedette à un Eastwood clairement bienveillant et enchanté d'être de l'aventure !
[Critique écrite en 2000]