Il dit non avec la tête, mais il dit oui avec le cœur... Il dit oui à ceux qu’il aime, il dit non à la vieillesse. On le questionne et tous les problèmes ressurgissent. Soudain la nostalgie le prend, il efface tout, les femmes, l'argent, les frasques et les peines et malgré la menace du fils censeur, sous les huées des éconduites, avec des pensées de toutes les couleurs, sur l'écran noir de sa vie, il dessine le visage du bonheur : Marguerite
J'en connais plus d'en dont l'agacement devant ce film sera probant. Et pourtant... Paul Vecchiali nous a concocté un bel hommage à sa vie. Non pas dans ce qu'elle aurait pour le nombriliste (au diable l'argent, la renommée...), mais plutôt une remise en lumière de celles qui furent les femmes de sa vie, une principalement, la plus belle et inaccessible à ses yeux, Marguerite.
Il n’aurait pu confier à quiconque le rôle de Rodolphe, puisque bien évidemment il est son incarnation fictionnelle. Passant outre quelques scènes ratées (la 1ère avec l’arrivée impromptue du fils, celle avec Edith Scob…) cet effeuillage est un peu à l’image d’un coffre oublié dans un grenier que l’on viendrait à ouvrir. Des fragances capiteuses et sépias s’en dégagent, vous entêtent, vous ravit, vous charment. Vecchiali, malgré son côté ronchon et abrupt partage généreusement avec le spectateur, des effluves de nostalgie en un jeu de pistes subtil et élégant. S’il se défend de la parenté (qu’il a découverte après coup) avec « Carnet de bal » de Duvivier, le rapprochement entre les deux films est probant. Beaucoup plus d’ailleurs sur le ressenti qu’au niveau du récit. On y retrouve cette même force d’une émotion délicate, une amertume mal dissimulée sous les artifices. La vie passe trop vite.
Comment rester insensible aux séquences avec Françoise Arnoul, Annie Cordy, Simone Tassimot et bien sur Catherine Deneuve ? On ne sait qui est vraiment (dans la vraie vie) Mimi, Christiane, Simone ou Marguerite, mais Vecchiali les fait revivre corps et âmes. Planent aussi dans le décor les autres personnes aimées (Demy notamment) ou idolâtrées comme Danièle Darrieux, qui d’un cadre à son nom sur la cheminée ou d’une photo Harcourt sur le mur de la chambre est omniprésente. Le choix de Deneuve/Marguerite n’étant pas étranger à cela bien évidemment.
A 86 ans, Vecchaili se livre un peu plus et comme le dirait Alex Beaupain « rien de secret, tout se perd, de quoi avons-nous l’air à l’heure de l’inventaire ? » Le cancre, carnet de Belles » est sans doute l’un des films les plus sensibles de son auteur et pour moi le plus touchant.