L'histoire du désargenté baron de Sigognac, désormais comédien dans une troupe de théatre ambulant sous le nom de Capitaine Fracasse, est connue. Mais, décidément, pas plus que les adaptations de Pierre Gaspard-Huit et d'Ettore Scola, celle d'Abel Gance ne me convainc de l'intérêt majeur du sujet de Théophile Gautier.
Bien différent, au moins dans le style, des aventures mouvementées de Fracasse joué par Jean Marais, le film de Gance se signale surtout par son esthétisme, ses recherches formelles qui donnent à l'intrigue un caractère sombre, voire funèbre, à l'image de la composition ombrageuse et désenchantée de Fernand Gravey dans le rôle-titre, et parfois fantastique. Indéniables, les qualités esthétiques de la réalisation forment un écrin assez vain pour un scénario peu lisible et une mise en scène manquant d'unité.
Gance développe l'histoire d'amour emphatique -suivant une interprétation généralement déclamative- entre Fracasse et sa partenaire de scène Isabelle en même temps qu'il parait rendre hommage aux comédiens et troubadours. Il s'amuse à souligner la familiarité des marivaudages du théatre et de la vie réelle ou transforme par instants, vers à l'appui, le Capitaine Fracasse en Cyrano. Autant de thématiques ou points de vue qui donne au récit une apparence décousue.