Long-métrage du duo Russe Merkoulova/Tchoupov qui se voit privé d'une quelconque sortie dans son pays, et on comprend rapidement pourquoi. Nous plongeant dans l'URSS de Staline, on suit un jeune capitaine qui tente d'échapper à une purge interne et tente de trouver la rédemption. Avons-nous là une traque politique intense ou un pamphlet déjà vu ?
"Le Capitaine Volkonogov s'est échappé" est un coup de matraque ! Un film haletant, d'un poids politique évident, et d'une tension tenue de bout en bout. Le métrage est d'une réussite indéniable !
Visuellement, le film nous plonge dans une ambiance mortifère, où le jeune capitaine tente d'échapper à la purge dont il sera l'une des cibles par la propre police politique de l'URSS. Dans cette course à la survie, Volkonogov va se lancer dans une quête impossible de rédemption, et la caméra restera de marbre face à cette situation.
La mise en scène n'aura jamais pour but d'icôniser cette figure de tortionnaire se rendant compte de ses actes, au milieu de ses souvenirs où des parties de volley sous des lustres de cristal vont croise des scènes d'interrogatoires aux "méthodes spécifiques" dans des salles aux moulures et au sol de pailles pour éviter les traces. Dans une traque où la déshumanisation est au cœur, le personnage semble se faire avaler par son environnement, un Leningrad morose, comme pour refléter cette époque sombre du régime soviétique qui perdura dans le temps, et qui donne une force visuelle glaçante au récit. Jusqu'à la scène de fin, seul moment de grâce, malgré sa cruauté apparente.
Si la mise en scène nous fait rapidement comprendre que la mort sera au rendez-vous tout au long du métrage. Le récit porte en lui une charge politique lourde, et une critique amère appuyée par un des traits d'humour noir.
Ici, la paranoïa Stalinienne est montrée dans toute sa cruauté et dans son absurdité, où l'agonie de ce système est masquée par une angoisse permanente. Et le jeune capitaine, dans sa quête absurde du pardon, va contempler le poids de ce régime totalitaire. Et c'est bien la volonté des réalisateurs, faire ressortir la peur sur laquelle s'appuie tout régime autoritaire, n'ayant pas peur du parallèle assumé que le métrage porte.
Nous plongeant dans les rouages de cette machine déshumanisante, le peuple se saoule à la vodka, se terre dans des greniers ou dans des caves jusqu'à l'oubli, où se voit incapable de réactions spontanées par crainte de devenir un "ennemi de l'état", comme un peu plus d'un million de citoyens à cette époque. Oscillant entre le thriller, le fantastique, et la comédie noire, le métrage s'amuse à brouiller la cohérence temporelle pour souligner son propos. Et placera ici et là des scènes acides et terrifiantes, comme une conversation sur un URSS étant un "Etat de droit".
Le tout étant porté par son impressionnant acteur principal, Yuriy Borisov, déjà remarqué dans "Compartiment n°6" ou "La Fièvre de Petrov" dans ce rôle d'un homme qui tente de retrouver un sens moral, et qui se décompose peu à peu.
En conclusion, "Le Capitaine Volkonogov s'est échappé" est un film haletant, dur et implacable. Qui saura nous clouer au sol et rester encore en tête après son générique, terrifiant et à la fois passionnant !